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RFI logo-aLes violences se poursuivent en RCA, malgré la présence des militaires français et des troupes africaines. De nouveaux règlements de compte ont eu lieu hier, dimanche 26 janvier, accompagnés de pillages, essentiellement dans les quartiers musulmans de la capitale. Amnesty International reproche aux forces internationales d’avoir laissé des musulmans sans protection.

La scène se déroule sur un check-point de l’opération française Sangaris, au nord de Bangui. Un homme tente de s’enfuir, poursuivi par une foule hostile. Les gendarmes tirent en l’air, pour disperser la meute, mais il est déjà trop tard. La victime, poignardée, est morte. Son corps gît sur la route. « C’est moi qui l’ai maîtrisé à terre ! », s'exclame au micro de RFI un jeune homme qui a participé au lynchage. « Les gens l’ont attaqué, poignardé et puis frappé avec des matraques. C’est pour ça qu’il est mort. Moi, je suis sûr que c’était un Seleka. Œil pour œil, dent pour dent, maintenant. C’est de la vengeance, c’est ça. »

Presque au même moment, sur ce check-point, le corps d’une femme tuée à la machette est ramené dans une brouette et enterré sur le bord de la route, sous la surveillance des militaires français. « Ils sont en train de l’enterrer, voilà. Une femme. Mais on ne sait pas qui c’est. On ne la connaît pas », dit un soldat. Immédiatement après, la vie reprend son cours, comme si rien ne s’était passé.

« On ne s'occupe pas d'un camp ou de l'autre »

Dimanche toujours, dans un quartier pacifié de Bangui. Une patrouille ordinaire de soldats français de Sangaris. Dans son véhicule blindé, le capitaine Joseph reste pourtant vigilant. La menace n’a pas totalement disparu. « On pense tout de suite aux anti-balaka et aux ex-Seleka. Mais, rien que dans les anti-balaka, il y a différents groupes, explique-t-il. Selon les groupes, ce n’est pas du tout les mêmes forces. Il y a aussi des groupes d’autodéfense qui, eux, sont juste là pour protéger leur quartier. Il y a la population, parfois, qui prend les armes. Donc, voilà, nous on ne s’occupe pas d’un camp ou de l’autre. On applique les mesures de confiance, qui sont de désarmer tout le monde. »

La quinzaine d’hommes de l’unité Sangaris s’arrêtent sur un marché au PK4, pistolet au poing, pour un contact avec la population. « Tout se passe bien dans le marché ? », s’enquiert un militaire français . « Oui. Vraiment, avec la Misca et Sangaris, nous avons la paix, maintenant », lui répond un homme. De retour dans le blindé, la radio annonce de nouvelles exactions non loin de là. Deux hommes ont été lynchés, en pleine rue. « C’est terminé, après avoir été tués, ils ont été brûlés. » Dans la capitale centrafricaine, la sécurité est encore loin d’être revenue partout.

Amnesty International regrette un défaut de protection des musulmans

La semaine dernière, Amnesty International a fait état du massacre de femmes, d'enfants et de vieillards musulmans au nord-ouest de Bangui. Plus de 50 musulmans ont été tués lors de deux attaques dans des villages, rapporte l'ONG. Amnesty International reproche aux forces internationales d'avoir laissé des musulmans sans protection en Centrafrique.

« Il aurait fallu que les forces internationales soient présentes au niveau de ces villes et ces villages où il était connu qu’il y avait une population musulmane qui allait très probablement être attaquée par les milices anti-balaka. C’est ce qui s’est passé. La plus grande partie de ces citoyens musulmans qui ont été tués, l'ont été à l’arme blanche. Donc on ne peut pas considérer que ces milices anti-balaka auraient constitué un danger important pour les forces de maintien de la paix qui sont, elles, bien armées, avec des véhicules protégés », juge Donatella Rovera, conseillère d'Amnesty pour les crises et les conflits, et qui se trouve actuellement à Bangui.

Mais pour le général Mokoko, à la tête de la Misca, les quelques milliers d'hommes des forces internationales n'ont pas les moyens logistiques de prévenir toutes les attaques. « Dans un pays où il n'y a plus de gendarmerie, il n’y a plus de police pour nous donner le renseignement exact qui pourrait être utilisé au niveau opérationnel, il est difficile pour nous d’aller dans la population », insiste le général Mokoko. Pour lui, il n’y a que lorsque les forces internationales se trouvent face à des gens « qui sont en train de perpétrer des pillages ou des vols », qu’elles peuvent intervenir. « Autrement, nous sommes dans une phase difficile, dans la mesure où nous ne sommes pas toujours là où les méfaits sont opérés. Quand vous avez 5 000 hommes, [et que ] vous avez une ville comme Bangui, ce n’est pas si facile que ça. »

 

RFI

Tag(s) : #Actualité
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