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La Guinée s'apprête à vivre dimanche une élection présidentielle "historique" qui ne sera sûrement pas parfaite, mais chacun s'attend à une participation massive des 4 millions d'inscrits, pour mettre un terme à un demi-siècle de dictatures, civile puis militaires.

A Conakry, des affiches présentent deux visages d'enfants, avec le slogan: "votez pour eux, dans le calme et la sérénité".

Ce pays de dix millions d'habitants a découvert les débats électoraux passionnés et les manifestations de rue festives en 40 jours d'une campagne relativement paisible, même si des violences politiques ont fait au moins un mort jeudi à Coyah (50 km de Conakry).

Après les 26 ans de règne (1958-1984) du "père de l'indépendance", Ahmed Sékou Touré, "président à vie" qui procéda à des purges sanglantes, puis les 24 années (1984-2008) de régime militaire du général Lansana Conté, le pays a de nouveau déchanté, depuis 2009: les jeunes officiers dirigés par le capitaine Moussa Dadis Camara, qui promettaient le bonheur du "bas peuple" et la lutte contre la "corruption généralisée", ont conduit le pays à la catastrophe.

Ce scrutin a lieu neuf mois après le massacre, par les forces de sécurité, d'au moins 156 opposants à la dictature militaire.

Cette fois, pourtant, les Guinéens veulent croire en sa liberté.

Et le nouveau chef d'état-major de l'armée, le colonel Nouhou Thiam, dit lui-même que "la Guinée est face à son histoire".

"Maintenant, c?est la démocratie: chacun est libre de choisir librement son candidat. Pas de règlement de comptes, pas de menace. Le président qui sera démocratiquement élu, l?armée se mettra à sa disposition", promet-il.

Grande nouveauté à Conakry: les militaires vont d'ailleurs voter "en civil", et en dehors des casernes.

"C'est comme si c'était maintenant que nous avions notre indépendance", a estimé samedi la présidente du conseil national de la transition, Rabiatou Serah Diallo, dans un entretien à l'AFP.

"Nous allons à une élection libre, transparente et démocratique. Pour la première fois depuis l'indépendance, les acteurs (autorités sortantes) sont neutres", a ajouté Mme Diallo.

Cette figure de proue des luttes syndicales sous le régime de Conté a appelé les 4 millions d'électeurs à "accomplir leur devoir civique dans le calme et la discipline".

De même, le général Sékouba Konaté, qui dirige la transition, a demandé aux Guinéens de voter "dans la sérénité", a rapporté le représentant spécial des Nations unies en Afrique de l'ouest, Said Djinnit, après l'avoir rencontré.

M. Djinnit a salué l'"engagement sans faille" du général à organiser l'élection.

Vingt-quatre civils se présentent pour ce premier tour très ouvert.

Les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré comptent au nombre des favoris, de même que l'opposant de très longue date Alpha Condé.

La commission électorale nationale indépendante (Céni), dont c'est le baptême du feu, a assuré vendredi que "tout était prêt" et que 3.965 observateurs, nationaux et internationaux, seraient déployés.

De sources diplomatiques occidentales, on dit qu'"une forte participation est attendue" pour cette "élection très importante sur le plan symbolique".

"Ce ne sera sûrement pas parfait, des incidents sont prévisibles, mais le défi n'est pas tant le scrutin que l'après", selon les mêmes sources qui soulignent que "le danger peut venir de mouvement de soldats pas forcément contrôlables".

Les résultats provisoires de ce premier tour ne devraient pas être connus avant mercredi. La proclamation des résultats définitifs est prévue dans les huit jours.

Malick Rokhy BA

 

Tag(s) : #Analyse
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