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Encrier-plume-arobase-5Les grandes douleurs sont muettes, a-t-on coutume de dire. Les grandes joies aussi, pourrait-on ajouter. Ce qui explique sans doute ma longue attente pour raconter les "72 heures du Livre" en Guinée à la fin de leur 5ème édition les 23, 24 et 25 avril 2013.

 Il est vrai, hélas, que mon plaisir de retourner au pays, après neuf autres années d’absence, a été pendant la durée de mon séjour atténué par la peine de constater que la Guinée demeure reléguée aux dernières places d’accès au développement en matière d’habitat collectif, d’infrastructures routières, de salubrité publique, de fourniture d’eau et d’électricité... D’ailleurs, à n’en citer que trois ou quatre, on laisserait penser que d’autres secteurs, l’indice du bonheur humain par exemple, connaîtraient, eux, une légère amélioration. Ce qui n’est pas du tout le cas.

Le progrès ? La Guinée paraît même, dans tous les domaines, s’en être davantage éloignée. Elle qui, avec tous les atouts qu’elle recèle, est partie la toute première au Sud du Sahara francophone sur le chemin de l’indépendance en 1958 !...

En neuf ans, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts ! Notamment, sous celui de Tombo, ces trombes d’eaux de ruissellement inondant par épisodes l’ancienne "Perle de l’Afrique Occidentale". À son propos, il y a lieu de rappeler que des anciens dignitaires du Parti au pouvoir, le PDG, accusés d’intelligence avec l’ennemi, commanditaire de l’agression du 22 novembre 1970, avec des preuves fabriquées de toutes pièces, y ont été exécutés par pendaison publique ! Il a été démoli, "le Pont des Pendus", comme a été passé par pertes et profits le tristement célèbre Centre de détention et d’exécution aux alentours, le Camp Boiro. Mais il a été reconstruit, lui, le Pont, sur un jeu de rocades censées améliorer la circulation automobile sur la Presqu’île du Kaloum. L’ensemble ajoute plutôt à la confusion que gèrent les agents de la circulation ouvrant et fermant les passages tantôt dans un sens tantôt dans l’autre, au gré de leur humeur dont on ne sait jamais si elle est sourcilleuse ou facétieuse. Et les mots qui me sont venus à l’esprit, ce sont bien : "saurais-je encore conduire une voiture dans les rues de Conakry ?" La capitale où tout le monde se plaît à circuler en dépit du bon sens le plus élémentaire, les panneaux de signalisation étant rares, les feux tricolores inexistants. De 1985 à 1988 voire jusqu’en 2004, la situation était moins… pire, me semble-t-il.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, ai-je dit. Et la Grande Faucheuse, seule régulatrice des successions au pouvoir en Guinée a fait son œuvre. Lansana Conté est mort de sa belle mort en décembre 2008 comme Sékou Touré lui-même a su tirer sa révérence en mars 1984. Le Capitaine Dadis Camara, autoproclamé aussitôt « Khalife à la place du khalife », s’est trouvé disqualifié lui aussi en décembre 2009 pour avoir seulement failli mourir sous les balles d’un certain Toumba Diakité, son aide de camp. Un Général, Sékouba Konaté, a pris sa place pendant une Période dite de Transition ayant débouché en novembre 2010 sur le premier suffrage universel direct permettant aux Guinéens de choisir, entre plusieurs candidats, un Président : l’actuel chef de l’État, Alpha Condé. Ayant réussi, quant à lui, l’exploit de se faire élire par 52,52% des électeurs guinéens au second tour après n’en avoir recueilli que 18,25% au premier, il a pour le moment échoué à faire composer une Assemblée Nationale depuis bientôt trois ans pour ne pas dire qu’il ne s’est pas du tout empressé de s’y atteler…

Mais, pour être belle, elle était vraiment belle, la thématique de la 5ème édition des "72 heures du Livre" : les mots au service de la Paix !" Les mots des écrivains guinéens, bien sûr, ceux des écrivains africains aussi. Sans oublier, de toute évidence, ceux des écrivains d’autres pays du monde. Car, au rendez-vous de la capitale guinéenne, ont répondu présents autour de l’invité d’honneur le Franco-Congolais, Henri Lopès, le Français Laurent Bonnet auteur de l’émouvant "Salone" (un roman sur la Sierra Léone, pays emblématique des ravages causés par les guerres civiles africaines), le Franco-Camerounais Eugène Eubodé, le Malien Doumbi Fakoly, l’Italo-Guinéen Mamadi KABA, l’Ivoirienne Michelle TANON, l’Antillaise, Sylvia BANÉ, Directrice des éditions Menaibuc. Étaient aussi de la partie le Sénégalais, Malick LEYE, Distributeur régional (Mali, Sénégal, Burkina Faso…) basé à Bamako, l’Ivoirien, Dramane BOUARÉ, Fondateur et Directeur des éditions "Les Classiques Africains", des invités (auteurs et/ou éditeurs) de la Sierra Léone et du Liberia qui, avec la Guinée et la Côte d’Ivoire dans le cadre de la Mano River Union (regroupement sous-régional pour l’intégration économique dans la paix et la sécurité), ambitionnent désormais de créer une synergie pour la promotion du livre et, bien sûr, votre humble serviteur, journaliste et écrivain Franco-Guinéen.

Nous avons été accueillis par le Président et les Adhérents de l’Association des écrivains guinéens, les responsables des éditions Ganndal, Tabala, Harmattan Guinée… Et, tout naturellement, par Sansy KABA DIAKITE, Directeur de Harmattan Guinée, maître d’œuvre desdites "72 heures du Livre" qui a joué sans se ménager le rôle de maître de cérémonie, aidé entre autres par l’infatigable et la très efficace Mme Martine DIALLO.

Jeune Afrique, Voxafrica… la presse écrite, radio, télévisuelle et électronique guinéenne couvraient l’événement.

"Les mots au service de la Paix !" ont résonné aux oreilles comme ceux d’un slogan mais, en aucune façon, ils n’ont été pris pour une injonction à écrire désormais en faveur de la paix. Pas un seul écrivain ne devant, même contraint et forcé, écrire pour une cause téléguidée si noble soit-elle ! Tout le monde a surtout compris (les organisateurs en premier, il faut l’espérer), que certains textes d’écrivains pouvaient dans des circonstances particulières concourir à la paix. En l’occurrence, il n’y a qu’à les mobiliser, de toute urgence, au service de la Guinée dans la périlleuse situation politique qui est la sienne.

"NOUS VOULONS LA PAIX, RIEN QUE LA PAIX !"

Ainsi Zenab Koumanthio DIALLO, poétesse guinéenne, se sentait-elle – ô combien ! – en harmonie avec la problématique et pouvait-elle déclamer l’intégralité du poème d’où est extrait le passage ci-dessous aussi bien lors de la cérémonie d’ouverture au Centre Culturel Franco-Guinéen (le CCFG) qu’au cocktail offert en sa résidence par l’Ambassadeur de France en Guinée.

"Nous voulons la paix, l'amour et l'amitié réels !

Et jamais de mères qui pleurent leurs fils

Arrachés à leur affection par la guerre !

Nous voulons la paix, l'amour et l'amitié réels !

Et jamais de sœurs qui pleurent leurs frères,

Trop tôt fauchés par des balles assassines

Nous voulons la paix, l'amour et l'amitié réels !

Et jamais de hordes interminables de réfugiés !

Nous voulons l'entente, l'harmonie, la concorde !

Nous voulons la paix! Simplement la paix! Rien que la paix !"

Henri Lopès, qui s’est vu décerner un doctorat honoris causa par l’Université de Sonfonia, pouvait, à son tour, en séance plénière au CCFG, d’abord assis puis debout, lire en un magistral et vibrant crescendo les vertus de son métissage, lui, le "Bantou aux ancêtres gaulois"

"Je ne suis pas un Congolais typique. Ni mon nom ni ma couleur n'indiquent mon identité. Et c'est bien ainsi ; comme vous, je descends du chimpanzé."

Interrogé sur le sort de la Guinée et sur ses relations personnelles avec son président, un ancien adhérent comme lui de la FEANF (Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France, association très active en faveur des indépendances), il a promis de ne pas être démagogue. Affirmant avoir noté des progrès, il dit penser que la bonne voie a été choisie puis, d’une pichenette, il s’est vite ravisé pour reconnaître lui-même qu’il a été… démagogue.

Binta ANN, écrivaine guinéenne, fondatrice par ailleurs de l’ONG FONBALE (Fondation Binta Ann pour les femmes et les enfants) a comme toujours apporté une contribution remarquée.

"Les enfants n’ont pas leur place dans la guerre, dans les rues, dans les mouvements des politiciens. Ils ont plutôt leur place dans leurs familles où ils doivent avoir une éducation de qualité. Les jeunes, au lieu de faire des manifestations politiques, doivent (…) réclamer des livres et des bibliothèques", a-t-elle pensé haut et fort devant ses différents auditeurs.

Michelle TANON était particulièrement bien indiquée pour tenter d’inspirer la paix, elle qui a vécu la tragédie de la guerre civile, consécutive à l’élection de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire dans des conditions décrites par lui-même comme calamiteuses.

Mamadi KABA, conteur, musicien en plus d’être écrivain aurait mérité d’avoir plus de temps et des élèves guinéens plus nombreux, de préférence au sein de leurs établissements respectifs pour leur faire entonner – comme il sait le faire de manière si harmonieuse et, par conséquent, fraternelle – les refrains ponctuant ses récits, performances auxquelles il a accoutumé même des tout jeunes Italiens.

LA GUINÉE, UN PAYS DE BRASSAGE DE POPULATIONS

Ousmane Paraya BALDÉ, écrivain en langue française et dans sa langue maternelle, le Peul, aurait dû pouvoir profiter d’une tribune et non pas d’un petit aparté entre auteurs. Il aurait su exprimer devant un auditoire idoine ses inquiétudes poignantes et ses préconisations judicieuses face au déchirement du tissu national guinéen et à la radicalisation des discours de rejet les uns des autres selon leur appartenance régionale pour ne pas dire ethnique. Plusieurs autres écrivains guinéens, en toute logique, auraient dû avoir la possibilité de dire leurs mots pour la paix en Guinée.

Péripétie réjouissante, des scolaires guinéens déclamant des slams inspirés se sont vu laisser toute latitude pour rivaliser devant un public nombreux et charmé sur les enjeux de l’unité nationale et de la réconciliation. Soussous, Peuls, malinkés ou Guerzés…, ils ont fait vœu de ne jamais être insensibles au sort des uns et des autres. Bien convaincus qu’ils sont, eux, d’être issus de la même famille guinéenne, africaine et humaine…

Votre serviteur, enfin, était à son aise, lui aussi, l’autoproclamé "Afro-Humain" pour avoir dû pérégriner par son nom, par sa vie et par ses écrits entre le Mali, la Guinée, le Fouta, la Basse Guinée, la Haute Guinée, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, la France… Et il n’aura tant apprécié, à la Médiathèque du CCFG, de parler de terroir et de racines avec des très jeunes et des plus grands élèves, attentionnés mais particulièrement réactifs, que pour exprimer l’Exterritorialité, cette République dénommée l’Imaginaire, la Patrie de l’écrivain. Pourfendant, à l’occasion, tout repli faussement identitaire dans lequel des personnalités politiques voudraient enfermer les uns et les autres en Guinée, un pays de brassage de populations par excellence !

Séances de dédicaces, animations radiophoniques, interviews accordées aux médias – dont il y a lieu de féliciter la profusion – par les divers participants ont émaillé les "72 heures du Livre". Même si certaines radios cèdent à l’ethnocentrisme ambiant et diffusent à longueur de journée polémiques stériles et propos outranciers au seul prétexte qu’elles sont désormais libres.

Alors, "Conakry va-t-elle, dans un avenir proche, devenir la capitale du Livre en Afrique", comme le souhaite Sansy KABA DIAKITE ? Et la paix, grâce aux livres, règnera-t-elle bientôt partout en Guinée ? Pourquoi pas ? Il n’est pas interdit de l’espérer.

"La paix n’est pas un mot, c’est un comportement", disait Félix Houphouët Boigny qui, pour n’avoir pas voulu déroger à la coutume Baoulé qui interdit au Chef de choisir son successeur, n’aura pas su lui-même, lui non plus, par un paradoxe tragique éviter la guerre à la Côte d’Ivoire aux lendemains de sa disparition.

Que dire ? Que ne pas dire ? Comment le dire ? Au service de la paix, il faudrait à tout moment être particulièrement apte à choisir les mots. Par les mots, naissent et s’attisent les conflits. Par eux, aussi, passent les réconciliations sinon les conciliations. Et, savoir entre autres "tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler", devrait être à la portée de tout orateur et à fortiori quand il a accédé à la Magistrature Suprême de son pays. Quant aux écrits haineux, on sait bien qu’ils restent à jamais !

J’avoue que le pari de la paix par les écrivains et leurs livres m’a semblé compromis d’emblée au contact rugueux avec un policier des frontières à l’aéroport de Conakry le soir du 21 avril.

— Qu’est-ce qui vous amène à Conakry ?

— Les "72 heures du Livre" !

— Les "72 heures du Livre" ? Moi, je suis policier, je ne lis pas de livres. Je n’aime pas lire du tout.

Pas peu décontenancé voire carrément estomaqué par la fierté avec laquelle l’officier s’est ouvert à moi, j’ai entrepris avant l’heure de faire œuvre de pédagogie :

-Alors, je vais vous dire une chose ! Moi, je suis un auteur, un écrivain. Avec d’autres auteurs comme moi, nous allons justement essayer en trois jours de vous aider, vous en particulier, à découvrir et peut-être à aimer la lecture. Même si je crois quand même savoir (j’en ai vécu l’expérience, il y a neuf ans) que chez beaucoup de Guinéens, l’engouement pour le livre est réel. Maintenant, le problème de son acquisition se pose à la plupart.

 LE PRÉALABLE À LA LECTURE, C’EST SON OFFRE !

En vérité, ce qui pourrait hypothéquer plus durablement le pari, c’est l’affirmation péremptoire du Président de la République lui-même, recevant les invités des "72 heures du Livre" au cours d’un banquet dont je ne relèverai pas ici le côté ubuesque par simple courtoisie :

- Pour que le gouvernement aide l’édition, il faudrait que les Guinéens aiment lire. Les Guinéens ne lisent pas !

Puissent le policier aux frontières aériennes de la Guinée et le Président dans son bunker résidentiel avoir entendu à la radio, vu à la télévision et peut-être dans les journaux les prestations des invités des "72 heures du Livre". Et, peut-être, seront-ils mieux disposés l’un pour ouvrir et lire des livres et l’autre –  ayant un peu écrit, lui aussi – pour savoir que le préalable à la lecture, ce n’est pas l’amour de la lecture mais bel et bien son offre !

Quittant la Guinée le soir du 29 avril, j’étais douloureusement hanté par des visions multiples et grouillantes. Toutes pouvant être requalifiées, mot pour mot, par l’épithète qui caractérise le courant littéraire le plus fécond du siècle dernier : surréaliste !

Surréaliste est l’état de la ville de Conakry dans laquelle évolue, à côté de nombreux nécessiteux, du beau monde accro aux outils les plus performants de l’ère numérique ! Roulant dans des limousines au confort n’ayant rien à envier à celles des milliardaires dans les quartiers les plus huppés du monde, il ne semble indisposé ni par les caniveaux à ciel ouvert "charriant" paludisme et choléra, ni par l’habitat précaire du commun des Guinéens en ralliant l’un ou l’autre de ses nombreux palaces privés !

Surréaliste est tout simplement la gouvernance guinéenne. Mais, n’est-ce pas toute la façon de gouverner des intellectuels africains qui est surréaliste, hélas ! De Abdoulaye Wade à Alpha Condé en passant par Laurent Gbagbo, ils sont détenteurs, tous, de multiples parchemins glanés parfois dans les universités occidentales les plus prestigieuses. Mais n’ont-ils pas contribué, – Il faut le craindre ! – à faire sombrer l’Afrique de façon difficilement remédiable ? Un peu plus encore que Idi Amin Dada, Jean-Bedel Bokassa, Etienne Eyadema et militaires consorts aux poitrails chamarrés de galons de bric et de broc, collectionnés dans l’armée coloniale quand ils ne les ont pas fait décerner à leurs trop suffisantes Excellences, une fois arrivés au pouvoir par coups d’état !

L’Unité Nationale et le Panafricanisme, dispositions d’esprit consubstantielles aux Guinéens, ont bel et bien craqué sous les coups de boutoir de la "malinkénité", de la "foulanité", de la soussouité, de la "guerzéité"… et autres "prurits, psoriasis et cancers ethnocentristes". Par la faute desdits intellectuels qui n’auront même pas su tirer une quelconque leçon des conséquences du concept de l’"ivoirité" en Côte d’Ivoire et du génocide des Tutsis au Rwanda !

Il m’est donc difficile, pour finir, de ne pas adjoindre l’adjectif tragique à surréaliste pour évoquer le solde des manifestations de l’Opposition guinéenne un certain nombre de jeudis face aux "Forces de l’ordre" : des morts, des blessés, des destructions de biens publics et privés… L’Opposition demande entre maintes exigences que se tiennent les élections législatives à une autre date, convenue entre tous les…" partenaires" politiques plutôt qu’à celle du 30 juin 2013, choisie de façon unilatérale. Le Pouvoir tient – jusqu’à quand ? – à maintenir cette date pour ne pas céder à la pression de la rue.

De quelle figure de style, de quelle métaphore user, à quels mots recourir pour sensibiliser autour du lourd tribut humain que ne cesse de payer la Guinée ; elle qui a déjà tant donné de son sang dans de trop nombreuses circonstances ? Faudra-t-il invoquer des mânes pour voir les Guinéens s’interroger plus sur le devenir de la Guinée et de tous les Guinéens que sur le ridicule destin politique de quelques-uns d’entre eux ?

Comme on voit, les Guinéens n’auront pas assez de la compétence de tous leurs écrivains, de celle des écrivains du monde entier, de la pertinence des mots des dictionnaires de toutes les langues pour espérer, après les avoir lus, vivre dans un pays où règne la paix à la consolidation de laquelle ils désireront avec ardeur participer.

De nombreuses déclinaisons des "72 heures du Livre" et autres événements culturels tournant autour de thématiques voisines "des mots au service de la Paix" mais pas incantatoires seulement seront, à n’en pas douter, nécessaires.

Cheick Oumar KANTÉ

Tag(s) : #Chronique
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