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La CEDEAO et l’Union africaine disent condamner les coups d’état et œuvrer pour l’instauration et le renforcement de l’Etat de droit en Afrique.

 

La solution proposée par Blaise Campaoré pour résoudre la crise guinéenne va à l’encontre de cet objectif.

Au contraire, son plan de médiation aboutit à favoriser les coups d’état et permettre à des criminels de se cramponner au pouvoir et se légitimer.

 

La mission initiale de Blaise Campaoré

 

Il sied de le rappeler. Le 12 octobre dernier, à l’issue de sa huitième session tenue à Abuja, le groupe international de contact s’était ainsi exprimé :

 

« Le Groupe condamne fermement les actes délibérés de brutalité, de viol de femmes et de massacre perpétrés par des troupes armées placées sous l’autorité du CNDD, à l’encontre de civils non-armés, lors d’une manifestation pacifique des Forces Vives, le 28 septembre 2009

 

Le Groupe en  avait appelé «   au Président du CNDD afin qu’il formalise, avant le 17 Octobre 2009, date limite fixée par la 204ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, l’engagement pris, que ni lui-même, ni les autres membres du CNDD, ni le Premier Ministre, ne se présenteront à l’élection présidentielle ; à défaut il appelle l’Union Africaine, les organisations régionales et internationales concernées a en tirer les conséquences et qu’elles prennent les mesures appropriées. »

 

 

C’est dans la perspective de trouver une solution à la crise guinéenne par l’instauration de nouvelles autorités de transition que le groupe de contact avait apporté son soutien au Président du Burkina Faso, pour qu’il puisse mettre en place, si possible par le dialogue, sur base du retrait du CNDD, de nouvelles autorités de transition et à favoriser une transition apaisée de courte durée au terme de laquelle seront organisées des élections crédibles et transparentes. Ces nouvelles autorités de transition devront faire preuve de neutralité tout au long du processus électoral.

 

 De même, le 29 octobre 2009, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, avait   « condamné de la manière la plus ferme les tueries ainsi que les actes délibérés de violence contre les civils non armés et les viols commis sur des femmes par des unités armées placées sous l’autorité du conseil national pour la démocratie et le développement (cndd) lors de la manifestation pacifique organisée le 28 sept 2008.

 

Mais contre toute attente, le médiateur a choisi sa voie en se faisant le porte voix du CNDD arrivé aux commandes de l’Etat guinéen par des moyens anti-constitutionnels et qui le 28 septembre 2009 a voulu donner des leçons d’intimidation aux Guinéens qui voudraient les contester, par des massacres, des viols et autres tortures et actes de barbarie.

 

Malgré ces forfaitures du CNDD, Blaise Campaoré a fait droit à leur demande sur toute la ligne et a délibérément ignoré les revendications des forces vives.

 

La solution de Campaoré à la crise guinéenne : l’impunité et le sacre des criminels

 

L’Union africaine, la CEDEAO, dans le souci de ne pas encourager les coups d’état avaient clairement demandé aux putschistes guinéens de s’engager par écrit à ne pas se présenter aux élections organisées dans cette présente période qualifiée de transition. Des ultimatums en ce sens avaient été lancés à la junte du CNDD qui les a tout bonnement et superbement ignorés. Le président de cette junte a poussé le cynisme jusqu’à attendre l’expiration du dernier ultimatum de l’Union africaine pour tenter de remettre en cause les décisions des organisations africaines et du groupe international de contact lui enjoignant de s’engager par écrit à ne pas se présenter. Dadis Camara a, dans une correspondance adressée à l’UA, décidé de s’en remettre au « médiateur » sur la question de sa candidature.

 

Blaise Campaoré a non seulement fait droit à cette demande de Dadis, sans aucun état d’âme par rapport aux décisions de l’UA et de la CEDEAO, mais en plus, non seulement Dadis conserve son poste de Président, mais en plus il sera à la tête de l’organe législatif. Ainsi le facilitateur crée un régime de confusion des pouvoirs en faveur de Dadis Camara qui, de surcroît pourra se représenter aux prochaines élections qu’il organisera puisqu’il a le contrôle non seulement de l’exécutif, de l’armée, du législatif mais aussi de toutes les administrations intervenant dans le processus électoral. Il s’est même payé le luxe de nommer à un poste ministériel la sœur du président de la CENI. Qui dit mieux?

 

C’est encore Blaise Campaoré. Sur les massacres, viols et autres actes de torture et de barbarie. Il se contente de déplorer des incidents malheureux. Aucune allusion à des sanctions pénales. La solution est tout simplement de soigner les victimes, de les indemniser, libérer les personnes encore détenues. Voilà, le tour est joué.

 

Le Chef du Faso, avec cette technique de médiation peut rédiger un glossaire sur comment faire des coups d’état et se maintenir malgré les pires crimes qui soient.

 

Blaise Campaoré est un chef d’Etat. Ce sont les chefs d’état qui forment les instances suprêmes dans les organisations africaines (Conférence). La question qui se pose est de savoir pourquoi ils prennent des décisions qu’ils ne respectent pas.

 

 

Ainsi les propositions de Campaoré sont très éloignées de l’esprit des textes africains.

 

Où sont la lettre et l’esprit des articles 4 et 3 de l’Acte constitutif de l’Union africaine qui prônent des valeurs comme :

 

« Art 4 (m) Respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne gouvernance

(o) Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de l’impunité, des assassinats politiques, des actes de terrorisme et des activités subversives;

(p) Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

 

Art 3 : (g) promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;

(h) promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme ;

 

Où sont les principes démocratiques et de bonne gouvernance  préconisés par le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine ?

 

Ces propositions du facilitateur traduisent tout simplement un mépris de certaines conventions fondamentales de l’Union africaine comme la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ou la Convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique, car non content de se moquer de la communauté internationale en bafouant les droits fondamentaux de l’homme, Dadis Camara a recruté des mercenaires pour former des milices et des bandits à sa dévotion.


 

Hassatou Baldé

 

Rubrique juridique de Guineelibre

Tag(s) : #Droit
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