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Obama29011

Monsieur le Président,


Selon des informations parues dans les médias, la Maison Blanche s’apprête à accueillir quelques Chefs d’Etat africains dont le président, nouvellement élu, de la République de Guinée (Conakry), M. Alpha Condé.

Notre association, Pottal-Fii-Bhantal (Union for the Renaissance), est une organisation internationale de Guinéens basée aux États-Unis avec des implantations dans plusieurs autres pays.  Nous sommes engagés à faire opérer sur notre terre natale un véritable développement économique en portant l’accent sur la bonne gouvernance et la primauté du droit.  À cet égard, nous avons une longue histoire de participation active contre les atteintes aux droits humains qui ont été omniprésentes en Guinée. Cette lettre est destinée à attirer l'attention du gouvernement américain sur les développements inquiétants qui se déroulent avec le président nouvellement élu. Nous sommes convaincus que l'Amérique peut faire pression sur le gouvernement afin d'éviter le glissement de la  Guinée vers des troubles sociaux et des affrontements ethniques.

Le président nouvellement élu de la Guinée, M. Alpha Condé a un passé de militant radical de gauche. Dans les années 90, il fut emprisonné par l'ancien dirigeant militaire, Lansana Conté, pour avoir initié une rébellion dans le sud de la  Guinée. En raison de son opposition au dictateur, M. Condé a cultivé l’image d’un militant de la démocratie. Cependant, dans sa longue quête du pouvoir, M. Condé a montré peu de respect pour les principes démocratiques et une volonté d'utiliser tous les moyens pour atteindre ses objectifs politiques. Il a entretenu des relations étroites avec certains des pires dictateurs de l’Afrique tels que Charles Taylor, Compaoré, Kadhafi, Dos Santos et Laurent Gbagbo.  Il est connu pour entretenir des liens étroits avec ceux qui, dans l’armée, enflamment les divisions ethniques.

En raison de son passé et de ses relations politiques, il a été élu président après une campagne marquée par des violences orchestrées par son parti et l'armée. Ses partisans répandirent des rumeurs d'empoisonnement alimentaire commises délibérément  par  les commerçants peuls contre les populations Malinkés de Haute-Guinée. Ces rumeurs entraîneront des massacres contre des citoyens Peuls, marqués par des lynchages, des incendies et des destructions de propriété. Beaucoup de citoyens Peuls furent forcés de fuir en privant de leurs suffrages le parti adverse.


        Après le second tour contesté, son adversaire fut convaincu par ses propres partisans de céder, afin de préserver la Guinée d’une confrontation sanglante similaire à (celle de) la Côte-d'Ivoire voisine. Depuis son investiture, M. Condé a bénéficié de la reconnaissance de la communauté internationale, sensible au tragique sort de la Guinée. Bien qu’ayant été salué comme le premier président démocratiquement élu de la Guinée, M. Condé s’est montré peu enclin à reconstruire le tissu social de la Guinée, déchire par plus de 50 ans de communisme, de dictature militaire, de corruption et de politique ethnique. En moins d'un an de règne, il a déstabilisé le fragile processus démocratique et engagé le pays sur la voie d’une autocratie d’un autre temps.

 M. Condé a encouragé la culture de l'impunité par la nomination dans son cabinet d’officiers accusés de crimes contre l'humanité par les Nations Unies. Parmi eux figurent des officiers tels que Pivi et Thiegboro cités pour leur participation active  dans les massacres du 28 Septembre 2009. Il n’aura montré aucune empathie envers les victimes de la violence électorale, les femmes violées, les victimes et les parents qui cherchent à déterminer le sort de leurs enfants disparus. Au lieu de cela, il reste préoccupé par des stratagèmes politiques pour maintenir et étendre ses pouvoirs. En violation du code électoral, M. Condé fait pression pour un nouveau recensement du corps électoral en vue des élections législatives.


 Dans la poursuite l’une de ses plus étranges promesses de campagne, celle de ramener la Guinée à l'époque du sinistre dictateur Sékou Touré, M. Condé a ruiné le capital de sympathie dont a bénéficié le pays lors de  l'élection. Unilatéralement, le nouveau président a annulé des contrats du gouvernement précédent avec des entreprises locales et étrangères afin d’accorder des avantages à ses amitiés politiques. La tentative maladroite  d'imposer le contrôle étatique dans le négoce a créé un climat d’incertitude économique et  accru la pression inflationniste. Sous la carapace de la rigueur économique et de la lutte contre la corruption, le gouvernement de M. Alpha Condé est en fait engagé dans une politique systématique et troublante de division ethnique et de la confrontation. Le retour au pays d'un de ses adversaires aura entraîné la mort et l'arrestation de jeunes citoyens. Certains furent appréhendés et hâtivement condamné à des peines de prison. Dans la région sud du pays, il est admis que le gouvernement a encouragé des éléments locaux dans l’anéantissement de milliers de têtes de bétail des peuls, bergers par tradition.

 

 Le 18 Juillet, le gouvernement a annoncé une tentative d'assassinat contre le Président Alpha Condé. Bien que le président ait appelé au calme et a la retenue, dans les discours ultérieurs, il a insinué que les responsabilités se situaient sur certains groupes ethniques. Par ailleurs, les actions des forces de sécurité sur le terrain sont loin d'être en phase avec les déclarations officielles. Quelques heures après l'événement, l'ancien chef de cabinet et d’autres militaires furent arrêtés. Ce qui a soulevé de sérieux doutes sur la diligence de l'enquête judiciaire. Les rafles perpétrées par l'armée semblent donner crédit à de nombreux citoyens qui croient que cet événement n’est qu’une grossière manipulation du système pour neutraliser les opposants politiques. Plusieurs incidents suggèrent que les autorités guinéennes sont en train de  perpétuer la tradition bien établie d'arrestations arbitraires, de torture et de  disparition afin de  terroriser les citoyens et d’approfondir la discorde sociale et la haine ethnique.


 Notre association, en accord avec  de nombreux organes internationaux des droits de l’homme, suit de près la situation en Guinée. Nous attendons du gouvernement guinéen une rupture claire avec la tradition établie de complots fictifs qui ont emailé l'histoire de la nation guinéenne. L'incitation à la violence qui a vu la destruction de la propriété de leaders de l'opposition contraints à la clandestinité ou a  l'exil doit prendre fin. Le gouvernement doit prendre toutes les mesures pour épargner le pays d'un nouveau cycle de répression qui serait fatal à l'intégrité de la nation.


Monsieur le Président,


Notre association demande que le gouvernement américain exige la création d'une commission d'enquête indépendante sous l'égide des organismes juridiques internationaux reconnus afin de mener, avec toute la diligence nécessaire,  les enquêtes sur les événements entourant les dernières allégations d’assassinat. Un véritable dialogue national pour éradiquer le spectre du passé, réhabiliter et indemniser les victimes innocentes et punir les malfaiteurs est nécessaire si notre nation  doit  rompre le carcan de la répression. Pour initier le processus vers l'établissement d'une véritable démocratie en Guinée, M. Condé serait bien inspiré de suivre le chemin emprunté par le nouveau président de la Côte-d'Ivoire, M. Alassane Dramane Ouattara. A cette fin, nous invitons ardemment le gouvernement américain à mettre la pression sur  M. Condé, à cette fin. Nous saluons le peuple américain et son gouvernement pour leur soutien de longue date à notre nation depuis sa création en 1958. Nous vous assurons de notre soutien indéfectible à vos efforts pour renforcer la démocratie dans le continent africain.


Respectueusement,
Le Comité central du Pottal-Fii-Bhantal


Washington, 24 Juillet, 2011.

Tag(s) : #Politique
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