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afriqueouest-ebola-jpg_2355072.jpgLe sommet de crise d'Accra qui s'est tenu ces mercredi 3 et jeudi 4 juillet à Accra avait pour but de trouver un plan de riposte à la propagation d'Ebola. « L'épidémie d'Ebola peut être stoppée » a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en ouverture des débats. Mais il faut prendre des « mesures drastiques ».

Lors du sommet de crise d'Accra, les ministres de la Santé de onze pays d'Afrique de l'Ouest étaient présents, entourés d'experts internationaux et d'ONG. Deux rescapés d'Ebola étaient également invités pour témoigner. L'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, la pire que n’ait jamais connue le continent, va durer encore « plusieurs mois », a estimé jeudi un responsable de l'OMS à la sortie du sommet. Pour tenter de limiter la propagation, un fonds d'urgence devrait être constitué, doté de 10 millions de dollars, il pourrait notamment permettre de renforcer les structures de soins dans les régions les plus touchées;

Ce sommet est intervenu alors que le virus semble connaître une véritable recrudescence

L'OMS, dans des chiffres publiés la veille de la réunion, dénombre désormais 467 décès pour 759 cas confirmés. C’est 38% de décès supplémentaires par rapport au dernier pointage réalisé une semaine auparavant. Trois pays sont touchés pour le moment. La Guinée Conakry d'où l'épidémie est partie et qui est le pays le plus affecté, la Sierra Leone et Le Liberia. Mais l'OMS demande aux pays frontaliers de la Guinée, jusqu'ici épargnés, de se préparer. Parmi eux : la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali et le Sénégal. Le Ghana qui accueille le sommet, reste lui aussi sur ses gardes, a expliqué un porte-parole du ministère de la Santé en marge du sommet d'Accra

L’accalmie annoncée en avril dernier n’est donc plus de mise. Le 24 juin, avant la publication des nouveaux chiffres, l'ONG Médecins sans frontières (MSF), qui était présente à Accra elle aussi, évoquait une « épidémie hors de contrôle » et un risque de propagation réel. Selon Antoine Gauge, responsable adjoint des programmes de la cellule d'urgence de MSF-Suisse, le problème n'est pas tant le nombre de cas que l'augmentation significative du nombre de foyers du virus : « Plus de 60 foyers sur trois pays, s’alarme-t-il. Les foyers deviennent trop nombreux. A chaque fois il faut mettre en place un centre de prise en charge, un suivi des contacts, une sensibilisation, une gestion des funérailles pour pouvoir stopper la chaine de transmission de l'épidémie ». L'ONG demande donc des moyens et un soutien renforcé des autorités.

Faire plus de pédagogie

Pendant la première journée du sommet, les délégations ont présenté les mesures prises dans chaque pays pour faire face à la maladie. Les mêmes difficultés se retrouvent. Dans les zones affectées, certains habitants continuent à nier la présence d'Ebola, et accueillent avec beaucoup de suspicion voire d'hostilité l'intervention des humanitaires. Il arrive que des malades cachent leur virus, ce qui est une « infraction à la loi », a rappelé mercredi le président du Sierra Leone à sa population dans un message télévisé. Les populations peuvent aussi avoir du mal à accepter des mesures préventives qui interviennent pendant leurs rites traditionnels comme les funérailles, où il y a un risque de transmission de la maladie si le défunt est affecté.

Pour faire face à ces difficultés, L'OMS et les ONG font de plus en plus souvent appel à des anthropologues, chargés d'articuler les coutumes des populations et les mesures sanitaires contre l'Ebola. Alain Epelboin est anthropologue et médecin et travaille aux côtés de l'OMS depuis 2003. « Mon rôle c'est d'abord une écoute des populations », explique-t-il, « au moment des deuils notamment, on essaye de faire respecter les coutumes, les rites de condoléances et proposer des aménagements de protocoles. » L'anthropologue invente aussi des moyens de communication de proximité. « Je suis un prosélyte de la vidéo. Je tourne et monte sur le terrain des vidéos de sensibilisation immédiatement montrées aux populations pour expliquer ce que font les équipes réellement.

La communication, pièce maîtresse dans la lutte contre Ebola

Aliou Boly, responsable des opérations au Comité international de la Croix Rouge (CICR), souligne lui aussi le caractère indispensable des relais locaux. « On peut travailler en collaboration avec les griots, les féticheurs et les chefs coutumiers, des acteurs des communautés capables de convaincre les villageois de suivre nos recommandations et d'aller vers nos équipes. Outre les politiques, les chanteurs, les célébrités, doivent également se mobiliser dans les médias, ce sont des bons relais pour faire passer le message ».

Mieux surveiller les zones frontalières

Parmi les zones à surveiller figurent les régions frontalières où les déplacements de populations sont nombreux. Et où il est indispensable d'avoir une réponse coordonnée entre les différents pays. Les participants au sommet ont insisté sur les difficultés rencontrées jusqu'ici. « Quand vous prenez Guékédou, qui est l'épicentre de l'épidémie, c'est tout proche de la Sierra Leone, le Liberia et même la Côte d'Ivoire, qui n'est pas encore touchée. La gestion transfrontalière nous a vraiment fatigués, nous avions l'obligation de gérer tous les malades qui venaient », témoigne le ministre guinéen de la Santé Rémy Lamah.

Dans les pays frontaliers de la Guinée, des mesures ont été prises pour suspendre certaines activités potentiellement dangereuses. Dans la région de Kolda, au sud du Sénégal, le marché de Diaobé est ainsi suspendu depuis mars. Cet important marché où passent entre 200 et 300 camions par jour est un véritable carrefour commercial. Il attirait des populations de toute la sous-région. La suspension ne s'est pas faite sans difficulté. « C'est une catastrophe économique », raconte Ibou Diallo, acteur économique de Diaobé. « Mais la santé passe avant tout », lui répond le secrétaire général de la mairie.

 

Par Adrien De Calan / RFI

Tag(s) : #Actualité
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