La défense de Dominique Strauss-Kahn est sur un nuage. Désormais, les perspectives judiciaires de l’affaire semblent toutes favorables à l’ancien directeur général du FMI.
« En remettant en cause lui-même la crédibilité de l’accusatrice et en faisant cette annonce à la planète entière, le procureur Cyrus Vance a terriblement compromis son dossier.
Il est désormais très mal positionné et il prendrait le risque de se ridiculiser en allant jusqu’au procès », analyse l’avocat franco-américain Christopher Mesnooh.
Dans une affaire de mœurs comme celle-ci, qui se déroule à huis clos, la crédibilité des témoins est essentielle. La découverte des nombreux mensonges de Nafissatou Diallo est donc dramatique pour l’accusation. « S’il y a un procès, cette femme va être réduite en charpie lors des contre-interrogatoires », commente Jacob Frenkel, un ancien procureur américain. On imagine avec quelle délectation Benjamin Brafman, l’avocat de DSK, s’acharnerait à démolir sa déposition.
Pour s’en sortir la tête haute, le procureur pourrait être tenté de revoir ses poursuites à la baisse, voire de négocier avec la défense de l’ancien reclus de TriBeCa. Là encore, rien n’est moins sûr.
« Vu la nouvelle configuration, les avocats de DSK ont repris la main. Ils n’ont aucun intérêt à plaider coupable, même pour une charge mineure », tempère Anne Deysine, professeur à l’université Paris-X-Nanterre.
La mort dans l’âme, le magistrat new-yorkais pourrait être contraint d’abandonner les poursuites. « A ce moment-là, on n’est plus dans le judiciaire mais dans le calcul politique. Cyrus Vance est un élu du peuple, il aurait tout intérêt à attendre que l’opinion publique oublie un peu ce dossier avant de le faire », poursuit l’universitaire.
Une audience surprise pourrait toutefois se dérouler à tout moment, et même très rapidement. Personne n’ose pourtant faire de pronostic définitif. « On a déjà connu tellement de rebondissements dans cette affaire », souffle Me Mesnooh.
Avant de préciser : « Ce n’est pas parce que c’est une menteuse qu’elle n’a pas été violée. »
Le Parisien