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Une centaine de personnes ont manifesté hier à Paris pour demander la libération de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une Iranienne condamnée à mort par lapidation pour adultère. La justice iranienne va réexaminer le dossier.

L'espoir soufflait en une faible brise hier sur l'esplanade du Trocadéro, à Paris. Une centaine de personnes se sont rassemblées sur ce Parvis des droits de l'Homme pour dénoncer la condamnation à mort par lapidation de Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Cette veuve iranienne est accusée d'adultère après la mort de son mari. De telles manifestations étaient organisées dans une centaine de villes à travers le monde. En France, des militants ont exprimé leur soutien à Lyon, Toulouse, Montpellier ou encore Poitiers.

Les associations Ni putes ni soumises, la Ligue du droit international des femmes, et le Mouvement pour la paix et contre le terrorisme ont appelé à la mobilisation pour empêcher la sentence. Parmi les manifestants, l'écrivain Marek Halter rumine sa colère. Il dénonce cette peine d'un autre âge.

« Il y a une génération qui s'est bougée, nous devons respecter leur courage », martèle Sihem Habchi, présidente de Ni putes ni soumises en référence aux émeutes de Téhéran l'an dernier.

Sur le parvis s'agitent les pancartes clamant « ni lapidées, ni soumises ». Derrière de grandes lunettes noires, ceinte d'une écharpe tricolore, Yamina Benguigui, réalisatrice et élue parisienne, vient apporter son soutien, « au nom du maire de Paris, en tant que femme et en tant que musulmane ». Elle a ainsi rappelé que le mois du ramadan devait être celui de la solidarité.

Décision finale attendue

Une pétition a été signée par de nombreuses personnalités, de Bernard-Henri Lévy à Jacques Chirac. Paris a demandé une démarche de l'Union européenne pour sauver la femme de 43 ans, évoquant la possibilité de sanctions à l'égard de la République islamique. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'UE, a estimé vendredi que « le moment est proche d'exprimer collectivement son rejet de pratiques d'un autre temps ». « Une démarche de l'UE - discrète - est en cours à Téhéran », a-t-elle précisé.

Face à cette indignation internationale, l'Iran a répété hier que l'application de la peine doit encore attendre une décision « finale » de la justice. Début juillet, déjà, Téhéran avait annoncé que la sanction était suspendue et que le dossier serait rouvert. « La justice est en train d'examiner cette affaire et ne se soumettra pas aux pressions », a insisté le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Alors, sur le Parvis des droits de l'Homme, rebaptisé deux jours auparavant Place des droits de l'Homme et de la Femme par le Mouvement de libération de la femme (MLF), qui fêtait ses 40 ans, l'heure est à la satisfaction.

« Chaque jour que Sakineh vit, c'est un territoire conquis contre les lâches », se félicite Sihem Habchi, qui demande à la France « d'offrir à Sakineh la citoyenneté d'honneur ». La présidente de Ni putes ni soumises espère amplifier la mobilisation. « Nous avons la chance, en France, de pouvoir nous exprimer, il faut le faire ! », exhorte-t-elle.

Les militantes et militants se sont ensuite dirigés, escortés par les forces de l'ordre, vers l'ambassade d'Iran pour y déposer une lettre. Afin que la pression soit permanente. •

MATTHIEU VERRIER/ La voix du Nord

Tag(s) : #Société
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