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Baby03

 

Conférence-débat organisée par le Collectif 1 + 1 = 1 à l’université

Lumière Lyon II / Samedi 24 avril 2010

 

THEME : CITOYENNETE ET ETHNOCENTRISME EN GUINEE

 

CONTRIBUTION DE NABBIE SOUMAH : la citoyennete face au peril ethnocentrique en guinee

 

INTRODUCTION

La citoyenneté repose sur l’esprit et le creuset républicains, sur le sentiment d’appartenir à un groupement humain au destin commun, entrelacé, ombilicalement lié.

J’estime que « la République n’est pas une compilation d’intérêts catégoriels, identitaires, particuliers, mais une entité soucieuse de l’épanouissement équitable de tous ses citoyens ».

« Res Publica » signifiait dans la Grèce antique, à Athènes, à Sparte, le bien commun, la chose publique qui appartient à tous, et non à une famille, à une dynastie ou à un groupement humain particulier.

« L’esprit de la République est la paix et la modération ! » prophétisait Montesquieu (1689-1755) et non la guerre, les conflits fratricides.

Comment concilier l’égalité et la différence, l’universel et le particulier ?

Comment s’articulent les mouvements sociaux et les mouvements culturels ?

Les affirmations identitaires sont-elles nécessairement porteuses de violence ?

Quelles relations s’établissent entre communauté et modernité ?

Que deviennent les identités et l’action collective à l’ère de la globalisation et des migrations transnationales massives ?

Voilà d’intéressants questionnements et problématiques pour notre réflexion actuelle sur l’ethnocentrisme, l’affirmation identitaire et la citoyenneté.

Actuellement en Guinée, malheureusement toute la vie politique, administrative, économique et commerciale est adossée sur l’ethnocentrisme. Ceci est d’une évidence notoire et il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir la réalité en face. C’est aussi visible qu’un éléphant dans un couloir éclairé, comme dirait l’autre.

Le phénomène de repli ethnique, identitaire est donc une réalité, mais ses causes sont profondes, multiples et ne datent pas d’aujourd’hui.

La triste et douloureuse page du CNDD version Dadis (cf. le carnage et les viols du 28 septembre 2009) vient d’être tournée, pour le moment, grâce à l’accord de Ouagadougou du 15 janvier 2010 signé par le capitaine Moussa Camara et le général Sékouba Konaté sous l’égide du facilitateur et Président burkinabé Blaise Compaoré.

Les politiques scrutent, regardent à nouveau l’horizon électoral ; les partis politiques fourbissent leurs armes pour l'élection présidentielle prévue le 27 juin 2010.

L’élection est par nature génératrice de conflits, de clivages qui peuvent altérer la cohésion nationale : les vieux démons de la division, du sectarisme, sont en éveil et les ethnicistes forcenés sont déjà en action, à l’œuvre.

L’ethnocentrisme prendra-t-il le pas sur la citoyenneté ?

Ce sont, en effet deux concepts opposés, antinomiques : l’un s’inscrit dans une démarche inclusive, participative tandis que l’autre est une dérive mortifère qui sape les fondements de tout Etat.

L’ethnocentrisme n’est cependant pas l’apanage, l’exclusivité des Africains ; il a été à l’origine de convulsions dévastatrices sur tous les continents.

En Guinée, les causes structurelles de la persistance du fait identitaire, du repli ethnique

sont nombreuses et relèvent :

- d’une part, de la défaillance, de la faillite depuis notre indépendance de la part de nos gouvernants successifs qui étaient censés être les garants de l’unité nationale, les promoteurs et défenseurs de l’intérêt général ;

- d’autre part, de la quête effrénée, irrationnelle, contre-productive de l’équilibre ethnique sur les plans administratif et politique au détriment de la promotion du citoyen en fonction de son talent, de son mérite, en somme de l’excellence ;

- enfin, de l’imposture électoraliste de la part de certains leaders politiques qui, sous le fallacieux prétexte de défendre ou promouvoir les intérêts de leur ethnie, ne se soucient en réalité que de leur promotion personnelle, de leur carrière politique.

Pour éviter de sombrer dans des conflits ethniques dans lesquels certains Etats africains se sont enlisés et qui marqueront à jamais plusieurs générations, il est urgent de procéder à une opération de désaffiliation ethnique de salubrité publique.

Rappelons-nous du Rwanda et du rôle néfaste de la Radio Télévision Libre des Mille Collines et du génocide des Tutsi, de la Côte d’Ivoire et de l’« Ivoirité », du Kenya et des émeutes postélectorales de 2007, dans la vallée du Rift, entre les « Kikuyu » et les « Luos ».

La Mauritanie, qui signifie le « pays des Maures », est aussi toujours en proie à un conflit identitaire entre deux populations principales qui se sont opposées violemment, notamment entre 1989 et 1991: d'une part, les Arabo-Berbères ou Maures appelés aussi les « Blancs » qui sont les dominants, et, d'autre part, les Négro-Africains (Toucouleurs, Sarakolés, Foulons, Bambaras, Peuls, Wolofs et Soninkés) qui n'acceptent plus la domination des premiers.

Il existe un troisième groupe : les Haratines. D'origine négro-africaine aussi, ce sont d'anciens esclaves affranchis dans les faits depuis 1980 et qui ont adopté l'arabe « Hassanya ».

Pour éviter ce type de drame, de convulsion, l’Homme public, l’élite et l’intellectuel ont un rôle déterminant, salvateur à jouer pour le sursaut de l’esprit civique.

D’autre part, il faudra également restructurer l’Etat déliquescent, non régulateur social et partial hérité d’une mauvaise gouvernance durant 52 ans d’indépendance.

Par ailleurs, on constate et déplore que les joutes électorales et les troubles socio-politiques avant et après l’indépendance aient souvent eu une connotation ethnique, identitaire et laissé des rancœurs jusqu’à nos jours chez bon nombre de nos compatriotes.

L’indispensable devoir de mémoire pour une réconciliation nationale parviendra sûrement à exorciser les frustrations engendrées par cette violence politique d’Etat.

 

I) CITOYENNETE ET ETHNOCENTRISME : DEUX CONCEPTS ANTINOMIQUES

 

1°) La citoyenneté s’inscrit dans une démarche inclusive

« La citoyenneté repose sur le sentiment d’appartenir à un groupement humain sur une entité territoriale déterminée, de jouir également de certains attributs tout en assumant des contraintes, des devoirs », selon moi.

Pour d’autres, « c’est le lien social établi entre une personne et l’Etat qui le rend apte à exercer l’ensemble des droits civils et politiques et des devoirs dans la cité et au regard de ses institutions » ; un citoyen est considéré ici comme un sujet de droit.

Qui dit « lien social » ou « sentiment d’appartenir à un groupement humain » évoque une démarche inclusive, « intégrationniste », de rassemblement, de concorde.

 

2°) L’ethnocentrisme est une dérive mortifère

L’ethnocentrisme a plusieurs définitions, mais c’est un concept anthropologique qui a été

introduit en 1907 par l’américain William Graham Sumner (1840-1910) dans son ouvrage « Folkways ». Il enseigna à la prestigieuse université de Yale située dans le Connecticut.

Selon lui, l’ethnocentrisme signifie la « tendance, plus ou moins consciente, à privilégier les valeurs et les formes culturelles du groupe ethnique auquel on appartient ».

Pour certains, il correspond au fait de « percevoir l’autre, l’étranger, les membres des autres groupes ethniques et sociaux selon les normes, sous le prisme de son propre groupe, son peuple, son ethnie ou sa classe sociale ».

Pour d’autres, c’est « un comportement social qui amène à surestimer le groupe racial, géographique ou national auquel on appartient, aboutissant parfois à des préjugés en ce qui concerne les autres peuples ».

Cette dérive de la suprématie raciale a engendré la bête immonde incarnée par le Nazisme et l’Apartheid.

Dans l’immense œuvre de l’anthropologue et ethnologue français Claude Lévi-Strauss (1908-2009), avec « Race et Histoire » (UNESCO, Paris, 1952), « Le Totémisme aujourd’hui » (PUF, Paris, 1962) et « Tristes Tropiques » (Plon, Paris, 1955), l’ethnocentrisme est perçu comme « le fait de juger les autres en fonction de ses propres normes, de faire passer ses propres normes pour universelles » (...) « il est, dans une certaine mesure, naturel ; contenu dans certaines limites, il n’est pas révoltant ».

C’est ce qu’il expliquait dans la préface de son ouvrage « Le regard éloigné » (Plon, Paris, 1983).

« La diversité nécessaire entre les cultures résulte en partie de ce désir de s’opposer aux autres et de maintenir ses propres coutumes et traditions, usages. Une culture doit se distinguer pour se maintenir », estimait-il.

La force de Lévi-Strauss est de ne pas stigmatiser avec bien-pensance, avec conformisme l’ethnocentrisme : « Aimer sa culture, en aimer moins une autre ce n’est pas être raciste, ce n’est pas être xénophobe ; c’est être pétri de sa propre culture », assénait-il.

« Ce n’est pas par la négation du singulier que l’on tend vers l’universel mais par son approfondissement » prônait l’ancien journaliste, philosophe et homme politique togolais Atsutsè Kokouvi Agbobli (1941-2008) qui prônait le dialogue des cultures.

C’était également le cas de Léopold Sédar Senghor (1906-2001), philosophe, ancien membre de l’Académie française et homme politique sénégalais qui nous enseigna que « toute civilisation, toute culture qui se veut féconde et forte, doit être fortement enracinée dans ses propres valeurs et traditions mais ouverte sur les autres, sinon elle se sclérose ! ».

Mais l’ethnocentrisme devient dangereux à partir du moment où une culture en juge une autre à l’aune de ses propres valeurs. Dire, au hasard, que « l’Afrique n’est pas encore assez entrée dans l’histoire », parce que les normes africaines ne sont pas celles de la civilisation judéo-chrétienne, sous-entendre, in fine, qu’une culture n’est pas encore tout à fait civilisée, qu’elle n’est qu’à mi-chemin de l’état de nature, c’est nier sa légitimité toute entière.

L’ethnocentrisme est une dérive mortifère, une imposture électoraliste, le fonds de commerce des opportunistes et des médiocres atteints de cécité morale et intellectuelle dont l’unique but est d’assurer à leurs auteurs une promotion sociale, professionnelle et /ou politique au détriment le plus souvent de ceux qu’ils sont « censés » défendre.

La question fondamentale, intégrante est celle-ci : quel est le citoyen guinéen qui est sûr de sa « pureté » ethnique malgré le penchant de certains pour les mariages endogamiques, préférentiels ?

Ou bien quel est le citoyen guinéen qui est convaincu qu’à l’issue d’enquêtes, d’investigations généalogiques il se découvrirait à 100 % Peulh, Soussou, Malinké ou outre ?

Notre pays, fort heureusement, s’est toujours enrichi à travers les flux migratoires de brassages humains qui forment le socle de sa richesse culturelle, de notre identité ; il s’est toujours refusé à la guerre ethnique car les ethnies y sont relatives.

Personnellement, j’avoue que mon grand « drame » de Guinéen, ayant vécu longtemps à l’étranger dès le bas-âge malgré moi, est le fait de n’avoir pas pu être polyglotte.

Certains de mes amis, comme Bocar « Sorel » Condé chargé de mission à l’OMS,  savent que je leur envie cet atout culturel incommensurable.

En tant qu’anthropologue, ma perception de l’ethnocentrisme est au confluent de celles de L. S. Senghor et de C. Lévi-Strauss : je suis un Baga de Kaporo et fier de l’être cependant comme me l’a enseigné un sage « il n’y a pas de honte à affirmer, et sans état d’âme, ce que l’on est ; mais c’est son exaltation qui est dangereuse pour la cohésion sociale qui est un impératif de survie pour toute nation ».

Donc, je m’affirme tout simplement en tant que citoyen attaché aux valeurs de la République.

Je ne préconise pas la dilution des cultures dans une culture prédominante, mais encourage plutôt la diversité, l’interpénétration, l’osmose, l’imbrication, l’enchevêtrement culturels.

L’ethnocentrisme a jeté l’opprobre sur tous les régimes, tous les pays qui l’ont utilisé, instrumentalisé pour stigmatiser, exclure, diviser. Il n’a causé que des malheurs, de la désolation en Afrique et en Guinée notamment.

 

3°) L’ethnocentrisme n’est pas l’apanage, l’exclusivité

 des Africains, des seuls Guinéens

Il peut être, dans certains cas, une affirmation identitaire positive comme « l’indigénisme » en Amérique dite latine lorsqu’une frange de la communauté nationale se sent systématiquement ostracisée, discriminée.

Mais le plus souvent, l’ethnocentrisme abîme le tissu social et altère la cohésion nationale.

En France, le 22 avril 2010 à Chambéry, Nicolas Sarkozy a fait l’éloge de « l’identité savoyarde » après avoir dévoilé une plaque commémorant les 150 ans du rattachement de la Savoie à la France ; il a déclaré qu’ « on ne bâtit pas un grand pays en niant les identités de toutes ces petites patries qui font la grande patrie française ».

D’après lui, la France serait donc une compilation de petites patries.

Pour rappel, le 22 avril 1860, le duché de Savoie plébiscitait son rattachement à la France de Charles Napoléon Bonaparte dit Napoléon III (1808-1873), tout comme le comté de Nice.

M. Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat et ancien ministre, estime que pour mériter une promotion dans une structure nationale comme la HALDE « il faut appartenir au corps traditionnel français », et non comme Malek Boutih qui était pressenti ; ce dernier est un français, né en France, de parents d’origine maghrébine.

Mais la France a surtout assombri son image avec son ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale dénoncé comme « la machine à exclure et à stigmatiser ».

L’exaltation de l’identité nationale dans un débat nauséabond « ethnique », orchestré par Eric Besson et N. Sarkozy pour des raisons électoralistes, renvoie, dans les ex-colonies et dans le monde, l’image d’une France repliée qui a tourné le dos à ses valeurs fondatrices.

« Est-ce donc que la France n’est plus la France ? ». La question de L. S. Senghor a pris un nouveau relief. Singulièrement en Afrique où l’on goûte peu la stigmatisation des immigrés originaires du continent et de leurs descendants, de leur religion qu’est l’Islam.

Après la tentative de soumettre les candidats à l’immigration à des tests ADN, après le discours de Dakar (Sénégal) du 26 juillet 2007 sur « l’homme africain », cette nouvelle opération identitaire, ethnique nourrit déception et ressentiment.

La Belgique connaît une période d'instabilité politique avec des crises gouvernementales à répétition en raison du clivage identitaire entre les Wallons francophones et les Flamands néerlandophones.

La coalition gouvernementale du Premier ministre belge Yves Leterme, au pouvoir depuis 5 mois, s'est effondrée jeudi 22 avril 2010 après le départ des flamands.

La guerre dans l'ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie opposa entre 1991 et 2001 différents groupes ethniques ou nations pour des raisons politiques, économiques, culturelles et ethniques. Ce pays regroupait les actuels Etats de Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Macédoine et du Kosovo dont l'indépendance n'est pas unanimement reconnue.

La République tchèque et la Slovaquie sont issues de la scission de la Fédération tchécoslovaque le 25 novembre 1992.

Au Liban, avec le « confessionnalisme », le pouvoir politique, les postes du gouvernement ainsi que les sièges des institutions législatives sont distribués proportionnellement entre les 18 communautés religieuses (surtout les Maronite, Chiite et Sunnite) par rapport au poids démographique de chaque confession.

Dans la Région du Piémont du nord-ouest de l'Italie, le parti « Ligue du Nord », dirigé par Umberto Bossi, prône l’autonomie ou l'indépendance de la « Padanie ».

Les Kurdes en Turquie, Irak et dans d’autres pays mènent, eux-aussi, depuis longtemps une lutte identitaire.

Les revendications foncières et identitaires des Aborigènes en Australie, des Indiens en Amérique du Nord, des « Kanaks » en Nouvelle-Calédonie française sont à souligner.

Le Québec revendique toujours sa « francité » avec des velléités indépendantistes.

De même que l’irrédentisme catalan et basque en Espagne.

L'« Indigénisme » est un mouvement identitaire à caractère politique et littéraire pour l’amélioration des conditions de vie des Amérindiens d'Amérique centrale et du Sud.

Il a été consacré en Bolivie avec la victoire en décembre 2005 de Juan Evo Morales Ayma, l’ancien leader syndical, chef du Mouvement vers le socialisme (MAS) et originaire de l‘ethnie Aymara : pour la première fois un mouvement indien prenait la direction d’un Etat, la plupart de ses prédécesseurs ayant été soit Blanc, soit Métis. Morales a été réélu le 6 décembre 2009 avec plus de 53% des voix et une majorité absolue au Parlement.

C’est l’aboutissement d’un long processus revendicatif identitaire commencé à l’orée des années 1960 sur l’ensemble du continent : c’est le retour des Indiens d’Amérique, la consécration de l’identité andine.

Les « indigénistes » ont commencé à défendre leurs cultures menacées, puis à se lancer en politique en Equateur avec le Mouvement « Pachakutik », au Pérou, en Bolivie, en Colombie avec le « Quintin Lame », au Mexique avec le mouvement « La Otra Campaña » (l'Autre Campagne) des « Zapatistes » du fameux sous-commandant Marcos en 2006.

Le Manifeste de Jach’ak’achi, charte du mouvement, prône l’autodétermination, l’autonomie territoriale, la reconnaissance de l’identité culturelle et religieuse.

Est-il toujours bien pertinent de désigner aujourd’hui l’Amérique centrale et du Sud telles que « Amérique romane », « Amérique ibérique » ou « Amérique latine » ?

Ces mouvements identitaires et politiques multiculturelles ont fait que l’Amérique latine n’apparaît plus comme simplement « latine », mais aussi indienne et noire.

 

Ce réveil identitaire indien est fort bien étudié par le sociologue français et spécialiste de l'Amérique latine Yvon Le Bot dans « La grande révolte indienne » (Editions Robert Laffont, Paris, avril 2009).

Aux Etats-Unis, certains ont encore du mal à se remettre de l’élection du premier président noir Barack Hussein OBAMA le 04 novembre 2008.

 

II) LES CAUSES STRUCTURELLES DE LA PERSISTANCE DU FAIT IDENTITAIRE ET DU REPLI ETHNIQUE EN GUINEE

 

1°) La défaillance des garants de l’unité nationale

Des événements douloureux ont marqué la conscience de la communauté nationale ; il serait donc judicieux de jeter un regard rétrospectif sur le passé politique de la Guinée, car le passé permet de mieux appréhender le présent.

En effet, les joutes électorales avant l’indépendance ont eu une connotation ethnique et laissé des rancœurs jusqu’à nos jours.

La mise en place de l’assemblée territoriale au lendemain de la seconde guerre mondiale, puis l’application de la loi-cadre Gaston Defferre du 23 juin1956 relative à l’autonomie des territoires d’Outre-mer furent l’objet d’âpres empoignades et de violence politiques dont les souvenirs demeurent vivaces dans la mémoire collective.

En Guinée, certains ont utilisé le terme « génocide », à tort ou à raison, pour qualifier l’ostracisme, la stigmatisation dont leur ethnie fut l’objet, la victime.

Dans les dictionnaires, le « Petit Larousse illustré » le définit comme « crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Ailleurs, c’est l’idée d’un crime « systématique et programmé ».

Pour le « Petit Robert », c’est la « destruction méthodique d’un groupe ethnique ».

Concernant le Darfour, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo a formulé depuis le 4 mars 2009 une requête pour un mandat d'arrêt contre le président soudanais El-Béchir pour 10 chefs d'accusation dont « crime contre l'humanité et génocide ».

Ce dernier a élaboré une politique consistant à détruire 3 groupes ethniques les « Four », les « Massalit » et les « Zaghawa » par l’intermédiaire de l’armée et des milices « Janjawids » qui sont des forces supplétives de l’armée qui auraient causé plus de 200 000 morts et 3 millions de déplacés depuis 2003, selon l'ONU.

Par ailleurs, il existe un risque de scission au Soudan après le référendum prévu en 2010 dans la province du Sud-Soudan du fait des conflits tribaux.

En Guinée, certains se sont basés sur la doctrine génocidaire de la « destruction méthodique d’un groupe ethnique » pour incriminer, à tort ou à raison, les deux premiers Présidents de notre République.

 

a) Ahmed Sékou Touré et les Peuhls

Certains ont allégrement franchi le pas et utilisé ce qualificatif dans leurs relations tumultueuses avant l’indépendance et dans les années 70, avec notamment le fameux « Complot peuhl » (cf. Les discours de A. Sékou Touré dans le journal officiel « Horoya » n° 2232 « La perfidie des ennemis du peuple », du 9 août 1976 et du 22 août 1976).

L'Association guinéenne des victimes du camp Boiro (AGVCB) évoque 50 000 victimes de l’ère du PDG.

 

b) Le « malaise » entre Lansana Conté et les Malinkés

Il résulte de l’exécution sommaire des caciques de la 1ère République à la suite de l’avènement du Comité militaire pour le redressement national (CMRN) en avril 1984, ensuite de celle des « auteurs présumés » du coup d’Etat du 4 juillet 1985 imputé à l’ancien premier ministre Diarra Traoré (1935-1985) qui fut exhibé à la télévision nationale ligoté et en slip, ainsi que de la célèbre phrase offensante « Wo fatara ! » (Vous avez bien fait).

Les suppliciés étaient en majorité issus de l’ethnie Malinké. Est-ce un hasard ou une préméditation ? Tout ceci entraînera l’ire et la méfiance d’une bonne frange de cette communauté à l’encontre de L. Conté jusqu’à sa mort.

Ainsi, A.S.Touré et L. Conté sont accusés d’avoir stigmatisé, humilié et offensé des composantes de la communauté nationale alors qu’ils étaient les garants de l’unité nationale et censés les protéger et les promouvoir équitablement comme les autres.

 

c) Les milices ethniques de Dadis Camara

Depuis le 23 décembre 2008 et la prise du pouvoir par le CNDD, on a assisté à la prééminence du facteur ethnico-régional dans le processus de recrutement et de promotion des cadres civils et militaires.

Plusieurs officiers supérieurs soupçonnés d’avoir été proches de L. Conté et qui bénéficient toujours d’un certain soutien au sein de l’armée avaient été arrêtés et détenus.

Les arrestations extrajudiciaires par la junte, les détentions sans procès dans des lieux non conventionnels (cf. Iles de Kassa), l’incarcération par décret, sans visite de proches, ni d’assistance d’avocat aux détenus civils et militaires en majorité de l’ethnie de L. Conté auraient engendré de la rancœur chez de nombreux concitoyens de la Guinée maritime.

Pour la conservation du pouvoir à tout prix, Dadis Camara avait procédé à l’achat d’armes en Ukraine, à l’enrôlement de mercenaires (dont des Libériens) et de milices ethniques (plus de 2 000 membres) entraînés par des expatriés blancs (Ukrainiens) dans un camp à Kaliah, près de Forécariah, à 100 km de Conakry.

Ces milices ethniques auraient ciblé une catégorie de la population lors du carnage et des viols du 28 septembre 2009.

 

2°) La quête effrénée de l’équilibre ethnique

Dans l’esprit de l’accord de Ouagadougou, la recherche de l’équilibre ethnique a prévalu pour ménager la susceptibilité des uns et la crainte des autres.

Toutes les 4 régions naturelles sont représentées : Sékouba Konaté (un Malinké) est devenu le chef d’Etat par intérim ; Jean-Marie Doré (un « Forestier ») est désigné Premier ministre assisté de deux vice-Premiers ministres avec Rabiatou Serah Diallo (une Peuhl) la secrétaire générale de la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et le général Mamadouba « Toto » Camara (un Soussou), vice-président de la junte.

Par ordonnance No.0001/PRG/CNDD/SGPRG/2010 du 9 février 2010, Sékouba Konaté nomma Rabiatou Diallo au titre de présidente du Conseil National de la Transition (CNT) qui fait office de parlement devant statuer sur les questions liées au toilettage de la constitution et des Lois organiques.

Elle est assistée de deux religieux Monseigneur Gomez et El Hadj Mamadou Saliou Diallo.
Il me semble judicieux de promouvoir tout(e) citoyen(ne) guinéen(ne) en fonction de son talent, son mérite ; de promouvoir en somme l’excellence et non « l’irrationnel ».

Dans notre pays, il est grand temps d’arrêter de considérer, de « qualifier l’excellence pour la prétention et la médiocrité pour la modestie » comme l’affirme mon ami Rachid N’Diaye, journaliste et directeur du magazine « Matalana » et du site www.laguineedemain.com.

 

3°) L’imposture électoraliste

 

a) Le fonds de commerce des opportunistes et des médiocres

Feu Bah Bhoye Mamadou (Paix à son âme !) fut un grand combattant pour le changement en Guinée, mais il eut tort de prôner « l’alternance ethnique au profit des Peuhls ».

Certains opèrent un décompte du nombre de ministres et de hauts-fonctionnaires issus de leur ethnique lors des remaniements gouvernementaux.

Des compatriotes (pas la majorité heureusement) de la « Guinée forestière » n’ont pas digéré, à tort ou à raison, l’éviction du Premier ministre Lansana Béavogui (1923-1984) pour la succession de Ahmed Sékou Touré (1922-1984) en 1984, ni le rejet de Eugène Camara à la primature en février 2007 qui avait occasionné l’instauration de l’Etat de siège sur toute l’étendue du territoire national.

Certains leaders politiques, soutenus par des extrémistes « tribalistes », surfent sur certaines amertumes et des frustrations légitimes ou non, en font leur fonds de commerce pour atteindre leur but, notamment la magistrature suprême.

 

b) La primauté de la carrière politique sur l’unité nationale

« Nous convoitons le même électorat ! » (…) « C’est mon fief électoral ! » clament régulièrement et allégrement certains leaders politiques ; la plupart de leurs partis se sont construits sur une base ethnique : leur fief électoral coïncidant curieusement avec leur région naturelle d’origine.

Par ailleurs, de nombreux partis peuvent être qualifiés de « parti politique patrimonial » avec un leader qui assure l’essentiel de son financement (Qui paie commande, dit-on), est seul maître à bord, choisit en réalité les personnes composant son organigramme et qui sont en large majorité issues de son ethnie.

Ils ne jurent que par leur ethnie pour se faire élire ; ils ne s’identifient plus, ne se singularisent plus en fonction de projets, ni d’idées mais plutôt en termes identitaires.

Tout ceci au détriment de l’intérêt général, de l’unité nationale qui en est affectée.

Mesurent-ils l’impact de leurs propos, de leurs postures auprès d’une population en majorité analphabète et de surcroît en proie à une misère noire, au désarroi ?

Ne dit-on pas que « le besoin ébranle la vertu », que l’état de nécessité peut engendrer des conséquences imprévisibles chez certains ?

Notre pays, malgré ses potentialités naturelles et humaines incommensurables, fait partie des pays les plus corrompus et les plus pauvres du monde selon Transparency International et l’Indicateur du Développement Humain (IDH).

D’autre part, la Guinée demeure dans la sous-région, dans la zone Mano River, l’épicentre du trafic humain, des armes, de la drogue et de la fausse monnaie.

Certains leaders doivent mesurer les conséquences de leurs propos et actes, et surtout les assumer devant l’histoire. Car la Guinée est devenu un cocktail explosif, un baril de poudre et l’ethnocentrisme en est la mèche.

 

III) POUR UNE OPERATION DE DESAFFILIATION
ETHNIQUE DE SALUBRITE PUBLIQUE

 

1°) Le rôle salvateur de l’Homme public, l’élite et l’intellectuel
 pour le sursaut de l’esprit civique

J’estime que « l’intellectuel, l’élite ou l’homme public a un rôle déterminant, salvateur à jouer car il peut façonner l’esprit public ; il peut acquérir, de par son aura et sa crédibilité, une position de leader d’opinion très influent. Il est, au sens noble du terme, la mémoire, la conscience morale de son peuple ».

L’intellectuel, l’élite ou l’homme public devrait songer à léguer son œuvre, son action à la postérité ; cette démarche consiste à la fois à nourrir la pensée et à rester fidèle à des convictions nobles, des principes intangibles, inaltérables en toutes circonstances. Son souci majeur, permanent devrait être la promotion et la défense de l’intérêt général, de l’unité nationale, l’exemplarité en somme.

Mais hélas ! l’élite, en Afrique in extenso et en Guinée en particulier, n’a pas toujours été à la hauteur de sa mission. Elle s’est mise, par opportunisme le plus souvent, au service d’une mauvaise cause ; elle a une lourde responsabilité sur la faillite de l’Etat, raison pour laquelle le continent africain demeure le cas social de la communauté internationale.

Par ailleurs, il est regrettable de constater que certains intellectuels ou hommes publics n’aient pas pu s’affranchir de la tutelle familiale, ethnique, régionale dans l’action publique et s’érigent même en défenseurs hargneux, sectaires du groupement humain dont ils sont issus.

D’autres n’ont pas pu résister à l’attrait, à l’avidité du pouvoir et des prébendes qu’il génère.

Leur rôle déterminant, dans la Guinée d’aujourd’hui meurtrie et inquiète pour son avenir, est de favoriser, procéder, participer activement à une opération de désaffiliation ethnique de salubrité publique.

L’Homme public, l’intellectuel et des leaders politiques ont appris récemment à lutter et travailler ensemble, notamment contre la candidature éventuelle de Dadis Camara à l’élection présidentielle ; pourquoi ne gouverneraient-ils pas ensemble dans le cadre d’un partage de pouvoir (non partage des prébendes) après la présidentielle de juin 2007 ?

Sans tenir compte de leur appartenance ethnique, ils avaient déjà mis en place des coalitions, notamment :

- le Forum des forces vives (FFV) qui est une coalition tripartite de partis, de syndicats et d'organisations de la société civile, et surtout l’opposition à la junte, au CNDD version Dadis ;

- l'Alliance nationale pour le renouveau (ANR), une coalition de partis politiques qui se considèrent exclus du FFV ;

- le Bloc des Forces Patriotiques de Guinée.

Ces coalitions sont la preuve manifeste du dépassement de soi, du souci d‘une démarche unitaire.

2°) Restructurer l’Etat non régulateur social, déliquescent et partial

« L’Etat doit assurer la régulation sociale sinon il génère des crises ; l’harmonie sociale se fait au prix d’une régulation, d’une redistribution équitable », selon moi.

Sinon, s’opérera le dangereux, le périlleux réflexe qualifié en anthropologie de « cercles concentriques et mouvants » : privilégier, au détriment de l’Etat en faillite, la famille et l’ethnie d’abord, le village ensuite et la région au final.

L’ethnie et la religion sont faciles à instrumentaliser, à manipuler : la faillite de l’Etat, la faiblesse de l’opposition et la corruption des élites étant leur terreau favori.

Lorsque la Guinée aura une administration compétente, non corrompue, avec des services publics viables au service de tous nos concitoyens, l’hydre de l’ethnocentrisme sera vaincue, terrassée.

« Le savoir est la sève nourricière du progrès et de tout système de développement », nous enseigne-t-on.

L’école demeure le substratum, le fondement, le lieu d’épanouissement par excellence du citoyen pour vaincre l’analphabétisme et l’obscurantisme qui sont les alliés naturels de l’ethnicité. Il faudra la réformer, favoriser une synergie entre elle, la recherche et l’entreprise, une adéquation entre un système éducatif performant et le monde du travail.

Grâce à une économie saine et productrice d’emplois, notre jeunesse ne servira plus d’applaudimètre et ni de « chair à canon » pour des leaders qui les manipulent en exaltant leur appartenance ethnique commune.

L’effectivité du principe d’égalité des chances pourra dans ce contexte favorable pallier, suppléer les « réseaux identitaires » de promotion sociale, économique et professionnelle.

Ce sera au prix de ces réformes précitées que la Guinée pourra devenir un pôle de développement attractif tant pour les investisseurs nationaux qu’étrangers.

Et que l’ethnocentrisme sera éradiquée, que la citoyenneté pourra s’ébrouer dans notre futur champ démocratique.

 

3°) L’indispensable devoir de mémoire pour la réconciliation nationale

Les joutes électorales et les troubles socio-politiques ont souvent eu une connotation ethnique exacerbée et laissé des rancœurs jusqu’à nos jours.

Pour assurer une véritable réconciliation nationale, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une introspection collective, quelle que soit sa forme ou son appellation, afin d’apaiser les cœurs, d’exorciser les frustrations légitimes engendrées par la violence politique depuis les années 50 à l’« attentat » ou au « règlement de comptes » de Koundara de décembre 2009 lorsque Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba a tiré sur Dadis Camara ; en passant par les victimes de la « terreur révolutionnaire » de A. Sékou Touré, celles du CMRN et L. Conté, notamment l’affaire Diarra Traoré, les événements de juin 2006 et janvier-février 2007, le carnage et les viols du 28 septembre 2009 des « Tonton macoutes » du CNDD version Dadis, entre autres.

Sans oublier les émeutes de Kaporo-Rail qui firent 10 morts et une trentaine de blessés. Cette affaire foncière avait vite pris une tournure politico-ethnique.

Des familles pleurent encore des morts, des disparus, soignent des blessés et des victimes de viols, de la violence d’Etat et de ses démembrements sécuritaires.

On note, par ailleurs, un curieux oubli des événements de septembre 2009 et de la question des poursuites judiciaires afférentes dans les 12 points de l’accord de Ouagadougou du 15 janvier dernier.

En conclusion, certains auteurs et des commanditaires de ces exactions courent toujours,

les producteurs de violence continuent de bénéficier en Guinée d’une totale impunité et tout est fait pour qu’un drap d’oubli soit jeté sur leurs méfaits. Au détriment du droit à la vérité, à la justice et à la réparation.

Un devoir de mémoire n’est pas un appel à la rancœur, ni à la vengeance mais permettra de retisser des liens distendus depuis belle lurette, d’assurer enfin une réconciliation, une concorde, une osmose nationales.

 

CONCLUSION : UNITE ET VIGILANCE

La Guinée est un pays défini par le hasard de l’histoire et de la colonisation, par la grâce de Dieu, dirais-je plutôt. Mais son indépendance n’est pas le simple fait du hasard, mais résulte bel et bien d’un acte collectif volontariste, matérialisé par le « Non » de 95 % des suffrages exprimés, toutes ethnies confondues, lors du référendum du 28 septembre 1958.

Aujourd’hui, chaque citoyen guinéen doit s’évertuer à être le digne héritier de cette démarche commune, unitaire, de ce legs ô combien ! précieux qui demeure notre patrimoine commun.

Grâce à la maturité du peuple guinéen, notre pays demeure un îlot de tranquillité, de paix, de stabilité dans un environnement fort agité. Certains pays portent encore les séquelles, les stigmates moraux et physiques d’une guerre civile fratricide, de violences post-électorales avec une forte connotation ethnique.

Par exemple, des Etats riverains de la sous-région tels le Libéria entre 1990 et 2003, la Sierra Léone entre mars 1991 et janvier 2002, le Sénégal avec l’irrédentisme casamançais depuis décembre 1983 et la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002.
L’harmonie ethnique est un impératif de survie pour toute nation et il ne faudrait pas que nos compatriotes se trompent de combat, ni de colère !

Il est indéniable, irréfutable que la cause préjudicielle de la récurrente crise politique, des remous sociaux sur fonds de crise économique que notre pays continue d’endurer, cette cause n’est que le fait de la mauvaise gouvernance, la prédominance d’une caste administrative, militaire, politique, affairiste, commerçante, « népotiste » qui s’est octroyée de juteuses rentes de situation et qui se bat acharnement, avec opiniâtreté pour les préserver au détriment d’une majorité de nos compatriotes démunis, affamés, précarisés, en proie au désarroi.

Le spectre de la guerre civile interethnique s’est pour le moment éloigné au grand dam des apprentis sorciers, des extrémistes tribalistes de tous bords animés d’un esprit de revanche. Mais ce spectre est bien là comme une épée de Damoclès sur nos têtes.

La Guinée est aujourd’hui confronté à de grands défis titanesques, pharaoniques à relever pour réparer les dégâts causés par nos gouvernants successifs. La demande sociale est forte et pressante : l’eau courante, l’électricité, le chômage, la santé, le système éducatif, la cherté de la vie, etc.

 Par ailleurs de nombreuses familles pleurent encore leurs morts, sont inquiètes pour leurs blessés ou des disparus. Il faut apaiser les cœurs, soulager les consciences, recoudre les fractures d’une société fragilisée par un déficit démocratique, un relâchement des mœurs, une mauvaise gouvernance et un pouvoir autoritaire et autiste.

La Guinée est sur la voie d’une profonde mutation, d’une rénovation salvatrice avec une élection présidentielle sans candidat sortant et un pouvoir sortant qui a promis d’observer une stricte et totale neutralité.

Tout citoyen devrait être à la fois vigilant et acteur du changement, s’approprier ce noble défi.
Pour prévenir ou éradiquer le fléau de l’ethnocentrisme dont la Guinée est actuellement en proie, les femmes constituent aussi l’un des meilleurs remparts contre la démarche identitaire, l’éthnicité et les mariages endogamiques : dans l'action publique et dans leur vie personnelle, elles sont les plus affranchies de la tutelle familiale, ethnique, régionale et confessionnelle.

Elles sont toujours en première ligne pour contribuer à la naissance de la conscience civique, politique et à la construction d’une véritable nation.

« La femme est l’avenir de l’Homme ; elle est la couleur de son âme ! » clamait hier Louis Aragon (1897-1982) le poète, romancier, journaliste et essayiste français.

Elle demeure l’avenir d’une Guinée unie, démocratique, solidaire et prospère.

 « Là où deux éléphants se battent c’est l’herbe qui périt ! » : ce proverbe rwandais est à méditer par les extrémistes « tribalistes » forcenés de tous bords. Avant qu’il ne soit trop tard.

« Le pire ennemi de l’Homme est sa conscience ! », parait-il. Faisons en sorte de ne pas avoir mauvaise conscience demain sur le sort de la Guinée.

Restons donc vigilants et unis comme un bloc de granit pour le salut de la Guinée qui demeure notre salut, notre point d’ancrage à nous tous, et où que nous résidions !

Pour terminer mes remerciements, pour m’avoir convié à cette rencontre fraternelle, au Collectif 1 + 1 = 1 ; la formule de cette structure signifie qu’un Soussou plus un Malinké valent un Guinéen, qu’un Peulh additionné à un « Forestier » équivalent à un Guinéen.

Que Dieu préserve la Guinée !

 

Nabbie Ibrahim « Baby » SOUMAH

Juriste et anthropologue guinéen

nabbie_soumah@yahoo.fr

Paris, le 24 avril 2010

 

Tag(s) : #Libre opinion
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