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Nous analysons avec vous les résultats des élections cantonales. Beaucoup de commentateurs parlent d'une percée confirmée du Front national. Pour vous, ce scrutin marque, au contraire, une défaite de Marine Le Pen. 

Il suffit de laisser parler les chiffres. Ils montrent que Marine Le Pen n'a pas gagné son pari. Ses candidats étaient présents dans 400 cantons et le FN avait recueilli 15 % au 1er tour ; au second, il est à 11,7 % et il n'a que deux élus. Comme l'abstention n'a presque pas bougé, le poids du FN a plutôt diminué. On suivait de près Steeve Briois, bras droit de Marine Le Pen, dans le Pas-de-Calais, et Louis Aliot, qui est son compagnon, dans les Pyrénées-Orientales. S'ils avaient été élus, elle n'aurait pas manqué d'en faire des symboles. Donc on a le droit de dire que leur échec est symbolique. Conclusion : Marine Le Pen avait parlé au premier tour d'un scrutin historique pour son parti ; on a vécu ensuite une semaine hystérique. À l'arrivée, c'est une défaite assez... catégorique. 

Quelles leçons peut-on en tirer ? 

Qu'il y a encore pour l'instant une limite à la stratégie de dédiabolisation du FN par sa présidente. Marine Le Pen n'est pas son père, elle ne tient pas les propos de son père - en tout cas sur la Shoah -, mais elle obtient des résultats qui ne sont pas si éloignés des siens. Le FN a déjà eu, par le passé, quelques conseillers généraux. Mais il n'a jamais réussi à apparaître comme une alternative crédible aux partis de gouvernement. Ce n'est toujours pas le cas. Marine Le Pen parlait hier soir d'un "vote d'adhésion" en faveur de ses candidats. Admettons. On voit surtout qu'il reste, pour beaucoup d'électeurs, une barrière symbolique à ne pas franchir.

Ça veut dire que, malgré la confusion des états-majors, il y a eu une sorte de "front républicain" contre les candidats du FN ? 

C'est difficile à dire. Il faudra examiner en détail les résultats dans les départements pour voir où les reports de voix se sont effectués et où c'est l'augmentation de la participation qui a permis au FN de progresser. Mais on devine, dans certains cantons où le FN était fort et où il a encore progressé, qu'il a bénéficié de votes venus de la droite ; mais en face de lui, il y a eu une mobilisation plus importante pour barrer la route au FN. À Marseille, l'abstention a reculé de cinq points hier. Et le FN a été battu partout - sans que ni l'UMP ni le PS appellent clairement à faire battre ses candidats. De ce point de vue, il vaut mieux parler de "sursaut républicain" que de "front républicain". 

Est-ce que ce scrutin est aussi un échec pour Nicolas Sarkozy ?

Clairement, oui. Avec à peu près 20 % des voix, l'UMP se retrouve à un niveau très bas - mais finalement cohérent avec les sondages actuels de Nicolas Sarkozy. Du coup, la ligne fixée à l'Élysée, qui consiste à appuyer très fort sur les sujets censés cristalliser le mécontentement et l'inquiétude des électeurs du FN, eh bien, cette ligne a conduit Nicolas Sarkozy droit dans le mur. On l'a vu entre les deux tours et on va le constater de plus en plus : le principal débat qui anime la droite, ce n'est pas celui qui porte sur l'islam et la laïcité (toujours prévu pour la semaine prochaine), c'est le débat sur l'opportunité d'une stratégie politique qui ouvre un boulevard à Marine Le Pen. Et peut-être que ce débat-là peut en faire ressurgir un autre : celui sur le choix du meilleur candidat possible pour l'UMP en 2012.

Hervé GATTEGNO

Hervé Gattegno, rédacteur en chef au "Point", intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 7 h 50 pour sa chronique politique "Le parti pris".

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