Qui l’emporterait en cas d’élections Libres

Qui l’emporterait en cas d’élections Libres et Transparentes en Guinée.

Avant de vous livrer mon analyse, laissez moi d’abord vous dire que les élections à venir constituent un rendez-vous de l’histoire qu’il ne faut absolument pas manquer pour préserver une cohésion sociale. Je ne suis pas le seul à le penser puisque le conseil national des organismes de le société civile le précise dans son communiqué. La gestion du CNDD est hasardeuse. L’enjeu est de taille. Je trouve tout de même surprenant que les religieux entre autres ne fassent pas pression pour que tous les acteurs reviennent sur la table de négociation avec le plan initial.

Fermons cette parenthèse, voici les éléments clés qui me servent de support pour l’analyse que je vous livre.

1-      La Communauté Internationale; j’ai appris de mon professeur de politique économique à la fac des sciences économiques << la communauté international n’est rien d’autre que le porte parole des puissances occultes pardon financières qui mènent le monde à leur guise>>. Les Etats n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts. Le bas peuple n’y voit que du feu et cris à l’injustice. Un homme politique, surtout en Afrique peut accéder au pouvoir ou le perdre selon son habilité à surfer sur les vagues de cette nébuleuse aux tentacules énormes. Ignorer cette réalité est un acte suicidaire pour un politique. Le ton, le lieu et la façon du “Non” de Sékou Touré à De Gaule (qui ignorait le contenu du discours), a été considéré comme un affront que De Gaule voulait laver. Sékou Touré a résisté à la tempête grâce entre autres à la protection de la CIA. Patrice Lumumba qui a tenu un discours aussi virulent devant le Roi belge, a compté sur l’ONU qui ne l’a pas aidé. Il le regretta et l’écrivit dans une lettre écrite dans sa prison à sa femme Pauline. Lettre que je lisais souvent dans mes émissions radio. Je n’étais pas surpris d’apprendre que la CIA a participé à l’assassinat de Lumumba. Je visitais avec un groupe Suisse, l’usine de bauxite de Kamsar en Guinée quand le guide, un expatrié Suisse, nous a dit ceci " Les prospecteurs allaient vers le nord de Boké sur un lieu de prospection connu; l’hélico a eu quelques défaillances alors le pilote a atterri pour vérification c’est ainsi que par hasard, ce site à été découvert. Les américains ont dit que la Guinée est une dictature, mais une dictature stable alors ils peuvent investir des millions.".  La politique est un métier, n’y rentre pas qui le veut. Elle est faite d’alliances, de coup bas, de stratégies d’intelligence, de négociations, de diplomatie etc.. Rien n’y est impossible sinon, François Mitterrand un socialiste ou Obama un noir, ne seraient jamais devenus Présidents. Nous ne sommes souverains que sur papier, nous dépendons trop largement de  l’aide extérieure.

2-      La jeunesse Guinéenne:  Ces jeunes ont grandi ensemble dans la misère, ils aspirent à une vie meilleure, leurs aspirations et leurs préoccupations dépassent le cadre ethnocentrique. Acheter leur conscience n’est certainement pas la solution à proposer mais les associer à un plan de développement est un élément important. Ils sont branchés au monde donc savent que c’est la jeune américaine qui a porté Obama. Ils sont conscients de leur rôle et veulent le jouer à fond.

3-      L’économie : Au début du multipartisme en Guinée, beaucoup de guinéens ont choisi les partis à cause de l’appartenance ethnique mais la multiplication des leaders de la même ethnie a morcelé ces électorats. Le  marasme économique prend de plus en plus le dessus sur les considérations ethniques. A ceux qui me disent qu’en cas d’élection c’est le candidat d’un groupe ethnique majoritaire qui l’emportera, d’ou leur rejet de Dadis, ou ceux qui disent qu’après Dadis aucun forestier ne sera élu d’ou leur support. Je respecte leur point de vue mais je trouve que ce raisonnement va à contre courant de l’évolution de la mentalité guinéenne.

Voici mon analyse : A mon humble avis, en cas d’élections libres et transparentes, c’est le candidat qui saura jouer sur ces différents tableaux cités qui l’emportera. Il y a de fortes chances qu’il soit un candidat émergeant sans aucune connotation. Il lui faudra prouver sa compétence et ensuite savoir utiliser les outils et les techniques de communication pour faire connaitre son programme. Le charisme jouera beaucoup. C’est celui qui suscitera l’espoir d’une solution au marasme économique qui l’emportera. Autant l’économie a joué en faveur d’Obama aux USA, autant elle aidera le candidat capable aux yeux des guinéens, de sortir le pays du marasme économique. Peu importe son groupe ethnique. Sinon, comment expliquer le rejet par presque tous les guinéens de la nomination de Monsieur Eugène Camara comme premier ministre et de l’accueil triomphal au Capitaine Dadis Camara. Nous ne pouvons pas parler d’ethnocentrisme ici car ils sont tous guerzés et de surcroit CAMARA.  La réponse est que le second a suscité un espoir de changement aux conditions de vie.

C’est pourquoi le CNDD doit rapidement permettre les activités des partis politiques pour que les candidats se fassent connaitre sur le terrain. Nous perdons du temps. Les résultats des audits tant annoncées, si elles se font correctement, ne seront pas disponibles avant la date des élections. S’ils apparaissent avant, ils seront bâclés donc sans valeur et sans incidence sur les élections.  Soyons sérieux et allons à l’essentiel pour ne pas rater cette chance unique dans notre histoire d’organiser des élections crédibles.

NB: Aux guinéens qui attendent le messie pour sortir le pays du marasme économique, je dis toujours que la religion et la politique ne font pas bon ménage. C’est nous qui devons trouver le plus apte parmi nous à diriger le pays et s’il accomplit entre 40 et 50 % de son programme électoral, nous le porterons au panthéon des saints de la politique et demanderons à Dieu de le béatifier. C’est sur cette petite pointe d’humour que je vous quitte; à la prochaine analyse.

Paul THEA

               paulthea@yahoo.com