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Agouti-fume-1.jpgUn exemple à suivre : un pays non encore officiellement touché par EBOLA, la Côte d’Ivoire, prend les devants  par prévoyance et interdit toute espèce de consommation de viande de brousse sur son territoire. En médecine on le sait, rien ne vaut la prévention.

« Malgré la mesure d’interdiction de la vente de la viande de brousse  prise par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre l’épidémie du virus d’Ebola qui sévit dans des pays frontaliers de la côte d’Ivoire , des femmes restauratrices véreuses continuent d’en servir à leurs clients .Le non-respect de cette mesure a emmené la Direction régionale des Eaux et Forêts Eaux et Forêts de Yamoussoukro (centre) à mener une action d’envergure mercredi contre les restauratrices situées derrière la gare UTB de la cité des lacs comme indiqué ce jeudi par une source sur place. Si notre source n’a pas été en mesure de nous donner le nombre exact des réfractaires, elle nous a confirmé que des femmes ont été arrêtées et plusieurs quantités de viandes de brousse saisies. Pour rappel, depuis une dizaine de jours le virus Ebola est à la porte de la Côte d’Ivoire dans un village Libérien frontalier à Danané (ouest) ». Source

 Dans notre Guinée, cette viande continue d’être largement consommée par certains, qui s’en vantent même sur les réseaux sociaux, au nom de « coutumes ancestrales à respecter, habitudes alimentaires qui n’auraient jamais fait de mal à nos parents, etc. ». Ce sont essentiellement le singe fumé, l’agouti ou « Kö Gnina » et de petits rongeurs en Forêt et des chauve-souris et produits de chasse des Donzos en Haute-Guinée, mais pas exclusivement, car la vente et la consommation sur les marchés de Conakry et ailleurs est un secret de Polichinelle. Le lièvre est chassé sur toute l’étendue du territoire.

 Le braconnage à grande échelle prospère grâce aux armes de guerre sorties des camps en quantités et devenues armes de chasse, objets d’un trafic lucratif et frauduleux aux mains de certains militaires, forces de défense et para-militaires du régime.  

C’est dire toutes les difficultés qui attendent ceux qui veulent une réelle éradication d’Ebola, qui passera nécessairement par une éducation de masse et une politique très restrictive sur la circulation des armes et munitions militaires.

Car le marché est alimenté non pas par de petits braconniers comme on pourrait le croire, mais par de puissantes organisations  ayant pignon sur rue ou galonnées et dont les patrons se trouvent à tous les échelons d’un Etat guinéen  gangrené jusqu’à l’os. Un peu à l’image des mafias siciliennes.

Ce à quoi le gouvernement actuel ne semble pas prêt à s’attaquer, ni n’en a les moyens d’ailleurs, certains de ses membres influents ayant grand intérêt financier et politique au maintien de la situation actuelle.

Tous les voyageurs du pays connaissent le cas particulier du carrefour de Séinko  entre Kankan- bifurcation Beyla-Kérouané, célèbre pour ses préparations de « kö gnina »  servies aux voyageurs, jusqu’aux frontières ivoirienne et libérienne. Une vraie industrie locale, une «appellation d’origine contrôlée » en quelque sorte.

Le pouvoir ne dit rien ou édicte des règles mollement suivies, auxquelles les autorités même ne croient pas du tout. Comment convaincre de la gravité d’une situation alors que l’on n’est pas soi-même convaincu ? C’est la quadrature du cercle guinéen. Et la catastrophe sanitaire s’étend.

En faisant croire prématurément que la zone dangereuse est derrière nous, le gouvernement a relancé en toute connaissance de cause la consommation de viande de brousse fortement ralentie un moment par la peur et la désertion des étals des marchands de cette denrée. Il a donc  fait baisser la  garde à un moment inopportun.

 Or cette viande est l’un des chaînons principaux de la transmission du virus Ebola et d’autres zoonoses à l’homme.

Il n’y a pas d’autre choix ; pour arrêter la transmission, en plus de l’isolement des malades, la gestion médicale des décès et les mesures sanitaires, il faut faire impérativement cesser certaines habitudes alimentaires. Décidément, en Guinée, nos responsables jouent à la politique de l’autruche devant la catastrophe sanitaire annoncée longtemps à l’avance et qu’ils ont refusé de voir venir. Les proclamations du genre « J’irai à Guéckédou, je n’ai pas peur » cachent mal la trouille réelle de certains Don Quichotte devant la maladie et  ne changeront strictement rien à la propagation de l’épidémie.

Le vrai problème, le pouvoir le sait et fait semblant de l’ignorer en l’occultant régulièrement, c’est celui du manque d’information par les canaux appropriés, la RTG étant devenue une officine de propagande politique exclusive du gouvernement ;  du désert médical généralisé, de l’absence de structures sanitaires de petites et grandes dimensions à la mesure des besoins du pays. Depuis quatre ans, dans ce domaine comme dans d’autres les succès s’écrivent avec un zéro pointé.

 

Thierno A DIALLO

Tag(s) : #Santé
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