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Centre MSF- Guéckédou-1Janvier 2014, le virus Ebola frappe de plein fouet la Guinée forestière. Ce fléau sans précédent s'est traduit par un lourd bilan: plus d’une centaine de morts en quelques semaines et la propagation de la maladie dans la capitale Conakry ainsi que dans plusieurs localités du pays. A ce jour, de nouveaux cas de contamination et de décès continuent d'être relevés, autant de faits qui montrent, au grand désespoir d'un peuple d'éternels laissés pour compte, que le redoutable virus est encore là et qu'il continue de sévir.

 

S'agissant de ce virus, des recherches en laboratoire ont établi que la souche serait purement locale, une souche nouvelle, « made in Guinea », qui contamine l'homme via la chauve-souris, que certains auraient peut être consommé ou approché! Bon appétit à ces valeureux concitoyens, mais en revanche, quelles conséquences dévastatrices pour tous ces pauvres bougres de guinéens!

 

L'on sait aussi que, pour des raisons qui restent à élucider, les  autorités guinéennes n’avaient pas jugé utile, sinon opportun (c'est selon) d’alerter la population et prendre à temps les mesures d’urgence qui lui incombaient. En effet, "l’affaire Ebola-en-Guinée" n'a été reconnue officiellement qu’au mois de mars 2014, soit 3 mois après les premières manifestations de la présence du virus. Un geste irresponsable du gouvernement qui, à lui seul, pourrait expliquer la progression rapide du fléau et toutes ces aberrations vécues ça et là. Ainsi, par exemple, plusieurs "médecins des centres hospitaliers" de la Guinée, qui ne furent à l'évidence guère informés des signes avant coureurs et des modes de contamination de la fièvre Ebola, se trouvèrent parmi les premières victimes, tout comme les patients que ceux-ci tentaient en vain de soigner.

 

Pour la population guinéenne, en majorité analphabète, trop peu au courant des dangers particulièrement graves auxquels elle était exposée, tout cela semblait relever, du moins au début, d'un simple mythe colporté par la rumeur, le sport national favori. Mais, au fur et à mesure de la divulgation des faits par les médias internationaux (toujours les premiers), par les journaux en ligne relayés  par  la presse privée locale et, finalement, par un gouvernement qui ne pouvait plus faire autrement, la peur s’est installée progressivement.

 

Ce fut ensuite au tour du gouvernement sénégalais de fermer, prévention oblige, sa frontière terrestre avec la Guinée. Tout d’un coup, le sujet était devenu sérieux. Et quand, pour les mêmes raisons, l'Arabie saoudite décida de suspendre l'octroi de visas aux candidats guinéens au pèlerinage de 2014, la peur s’est muée en une véritable panique. Au pays, on avait alors l'étrange impression que les portes d’une prison se refermaient tout à coup sur les guinéens. Et plusieurs scènes tragi-comiques alimentèrent l’atmosphère déjà "chargée" du quotidien précaire des guinéens.

 

Dans ce contexte de doute ponctué de véritables scènes de panique, personne n'osait plus déclarer à son entourage immédiat, à plus forte raison en public, le moindre symptôme de maladie ressenti, même celui d'un simple rhume, par peur de la stigmatisation. Pire, il ne fallait surtout plus éternuer ou tousser en public, y compris dans les transports publics, au risque de faire fuir les autres passagers et les passants.

 

En fin de compte, il aura fallu l’implication salutaire de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF), de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et celle des bailleurs de fonds étrangers pour assurer, à défaut de la moindre initiative du gouvernement guinéen, la gestion de la crise, en aidant à limiter les dégâts et par la mise en œuvre d'une vaste campagne d'information et de sensibilisation de la population sur la nature du virus et sur les mesures préventives en matière d’hygiène, seuls moyens connus et relativement disponibles pour limiter la propagation du virus. Et c'est seulement à ce prix que les pouvoirs publics, piteusement rattrapés mais dépassés par les évènements, ont fini par s'impliquer, avec la démagogie, la désinvolture et surtout, l'incompétence, autant  d’insuffisances  qui portent  à croire, que la fin du fléau Ebola, ne sera pas aussi rapide qu’il se devait.

 

Au-delà  de ce fléau dont l’apparition a coïncidé avec la sanction infligée à la Guinée pour ses manquements aux conventions internationales relatives à la pêche maritime, semble se profiler au sein de la population, une inquiétude grandissante, mais qui éprouve du mal à se manifester, en rapport avec la succession des « malheurs » qui assaillent le pays depuis  le retentissant NON au referendum du général de Gaule et, surtout, à cause de tous les crimes perpétrés par les autorités guinéennes, tous  régimes confondus.

 

Sans vouloir l'avouer, bon nombre de citoyens  y voient une sorte de malédiction qui pèse sur la Guinée, à l’instar des peuples mécréants qui, selon les livres, furent anéantis pour la « perversité de leurs mœurs » ou leur rejet des religions révélées. Les mesures prises par l’Arabie Saoudite donnaient à cette catégorie de citoyens l’impression que les portes du ciel se fermaient  à leur tour aux Guinéens ! Dans cette optique, il serait encore justifié de penser que quelles que soient les autorités qui gouvernent ou gouverneront  le pays, les difficultés se succéderont  à elles mêmes jusqu’ à la fin des temps !

 

Ce qui, de toute façon, ne dit pas pourquoi une telle malédiction. A mon avis, il n'existe pas de peuple maudit, mais bien des peuples trop mal gouvernés.

 

Il y a aussi ceux qui pensent que pour des raisons inconnues  ou d’ordre cabalistique, la poisse habiterait le chef d’Etat actuel qui fait que celui-ci est en permanence confronté à des difficultés de tous ordres, y compris dans son propre camp, depuis qu’il est arrivé au pouvoir et qui se reflète malheureusement sur la population. Aussi, pour ceux-là, quoique Alpha Condé fasse, et tant qu’il restera aux commandes du pays, la Guinée verra sa misère, voire son calvaire empirer et ce, en dépit du soutien que certains jugent intéressé mais aveugle  dans ce cas, dont il continuerait de bénéficier de la part de son « frère jumeau » et de ses autres amis, à savoir Kouchner, Tony Blair, Soros et autres.

 

Tels que relatés ici, ces faits expliquent le sentiment de désespoir qui affecte le peuple de Guinée meurtri et accablé par d’énormes difficultés pendant plus d’un demi-siècle, tant de problèmes dus à la mal gouvernance et aux promesses non tenues par tous les régimes qui se sont succédés jusque là et qui semblent condamner le guinéen à subir les affres de sa singulière marche à reculons.

 

A nous d'en tirer les leçons, sans détours inutiles.

Merci de votre attention.

 

Bouba de Sanfil, depuis Conakry

Tag(s) : #Libre opinion
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