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Ce serait un euphémisme que dire que le sommet extraordinaire de la CEDEAO qui s’est tenu à Abuja le week-end dernier concernant la situation en Guinée n’a pas été à la hauteur des attentes. Et que dire de la réponse réservée par le chef de la junte militaire, le capitaine Moussa Dadis Camara, à l’ultimatum de l’Union africaine sinon qu’elle ressemble à un bras d’honneur.
La journée du samedi était annoncée comme devant être décisive pour la Guinée. La CEDEAO tenait un sommet extraordinaire et on allait savoir à quelle sauce la junte militaire allait être mangée. Le même jour, l’ultimatum lancé par l’Union africaine à Moussa Dadis Camara pour renoncer par écrit à se présenter aux élections présidentielles prenait fin. Et l’UA devait muscler sa position.
On s’attendait à une sauce pimentée et au goût fort relevé ; nous eûmes droit à une sauce au gombo, tout en douceur.
En effet, la CEDEAO s’est juste contentée d’annoncer un embargo sur les armes en Guinée. Pour des militaires qui ont montré leur dextérité dans le maniement de l’arme blanche et d’autres objets contondants, c’est pratiquement pain béni.
Pour des soldats qui n’ont fait que « quatre morts par balles perdues » et près de 155 à mains nues (le bilan exhaustif restant bien entendu à établir), un embargo sur les armes ne leur fait ni chaud ni froid.
Mieux, pour la Guinée aux frontières poreuses avec le Liberia et la Sierra-Leone à peine sortis des ténèbres, la junte a-t-elle vraiment besoin de « permission » pour s’approvisionner en armes ? De surcroît quand elle sait que matériellement la CEDEAO ne dispose d’aucun moyen pour veiller à la bonne application de son embargo.
Pour ce qui est de l’ultimatum de l’Union africaine, Dadis a attendu la dernière minute pour se prononcer. « Je m’en remet au médiateur en ce qui concerne ma candidature aux prochaines élections présidentielles » a-t-il déclaré en substance.
Pour les opposants au régime militaire, l’attitude Dadis n’est qu’une fuite en avant dont l’objectif est d’endormir la communauté internationale. L’Union africaine qui semble partager la même analyse promet de durcir ses sanctions et de les mettre en application en ciblant les responsables guinéens.
Mais tous les observateurs s’interrogent sur l’efficacité des sanctions contre des militaires qui se sont retranchés dans le camp Alpha Yaya avec le sentiment d’être assiégé.
En attendant de voir l’évolution de la situation, ils ne manquent de rien : vivres, eau, argent. Et ils font semblant de vaquer à leurs occupations.
Damouré Cissé 24/10/2009 Nouvelle République,
