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[...] (Selon) l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen :

« Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

Dans une telle perspective, la nation désigne l’association politique qui détient légitimement l’autorité dans une république, au sens où l’entend Rousseau dans son Contrat social. Elle possède alors une dimension universaliste, dans le sens où le citoyen ne se définit pas par son origine ou par ses mœurs, mais par sa participation à un projet collectif. Il s’agit d’une communauté de destin qui assure l’égalité de tous devant la loi. La nation, cependant, peut également renvoyer à une conception ethniciste de l’identité.

Elle repose cette fois sur l’identification d’un groupe humain qui se confondrait avec une communauté de langue et de culture.

L’ethnicisme, à cet égard, met en avant le « droit du sang », bien qu’illusoire, comme critère d’appartenance exclusif. Il tend à rejeter les individus qu’il ne reconnaît pas comme « identiques », et il les discrimine en les étiquetant « étrangers » ou « allogènes ». Pour lui, ces derniers sont inassimilables à la « nation naturelle ». Ils menacent sont homogénéité (même si elle est fantasmée), et ils doivent par conséquent être dénoncés en fonction de critères tels que l’origine, la pratique religieuse, la langue maternelle, voire la couleur de la peau.

Le nationalisme d’extrême-droite, à la différence de celui qui privilégie l’association politique, est foncièrement conservateur. Il relève d’une idéologie fascisante qui exacerbe un sentiment d’appartenance teinté de xénophobie. Il peut aller jusqu'à enfermer l’individu dans un stéréotype fixé selon la « race ». Au moment de l’affaire Dreyfus, Barrès assurait de cette façon :

« […] Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race. »

Or, justement, dans La France politique, XIXe-XXe siècle (Seuil, 2003), l’historien Michel Winock montre comment Jean-Marie Le Pen fait figure de continuateur d’une telle tradition identitaire :

« […] Tout comme Barrès, Le Pen juge improbable, voire impossible, l’assimilation de ces nouveaux venus : “Les Immigrés ne veulent pas s’intégrer” titre National Hebdo (1er juin 1995), qui ne cesse de reprendre le thème de “notre droit à la différence, à notre spécificité, à notre identité”. Quant au métissage, réalité historique et démographique de la nation française, Le Pen le dénonce comme un effet mortel d’une mondialisation qui altère la qualité génétique de la population. […] »

Si l’universalisme regarde vers l’avenir et rassemble les citoyens dans un projet fondé sur l’intérêt public,l’ethnicisme, lui, se révèle au contraire obsédé par le passé et par une « pureté » supposée des origines. L’altérité lui fait peur, et l’autre devient son bouc émissaire, surtout en période de crise.[..]

 

Tiré de :

Daniel Arnaud,

Auteur de La République a-t-elle encore un sens ?, L’Harmattan, 2011.

 

 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/presidentielle-2012-le-112857

Tag(s) : #Culture
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