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Souleymane-Koly-Kourouma-2014-08-06_011706.jpgEt voilà que continue de s’égrener le chapelet des disparitions prématurées d’éminentes personnalités guinéennes !

Point n’est besoin de rappeler les pertes antérieures. Avec le décès de c cette fois-ci, quelques temps seulement après le drame de la plage de Taouyah, bousculade à la fin d’un concert qui a fait des dizaines de morts et au moment où sévit l’affreuse Ébola dans certaines localités guinéennes, nous n’aurons pas assez de toutes les larmes de nos yeux pour les pleurer dans leur totalité.

Mais, il ne s’agit peut-être pas tant de fondre et de se morfondre en sanglots que de faire face, de surmonter les malheurs et de se donner les moyens, tous les moyens, pour les vaincre. Tout au moins en ce qui concerne les pandémies et les dérapages tragiques, répétés, des rassemblements de foules.

Pour en revenir à Souleymane Koly, voici mon témoignage de compassion à l’adresse des siens et de tous les Guinéens à qui je présente par la même occasion mes condoléances les plus attristées.

— Souleymane Koly a été un de ces visiteurs de la Cité Mermoz, le "campus, emblématique s’il en est, des étudiants guinéens en Côte d’Ivoire" dans les années 70 que je raconte dans "Orphelins de la Révolution".

Il a donc fait partie de nos aînés, ces Guinéens déjà diplômés et expérimentés sur le plan professionnel. C’est-à-dire du groupe de tous ceux qui, comme lui aux affaires culturelles ou comme d’autres, au Plan, à l’Agriculture (dans l’Administration ivoirienne ou dans des professions libérales) : banquiers, médecins, avocats, pharmaciens, commerçants, artisans, restaurateurs, hommes d’affaires, nous ont fait espérer qu’en réussissant nos études supérieures dans les conditions difficiles qui étaient les nôtres, nous parviendrions à intégrer la vie active dans différents domaines au pays de notre exil forcé. Et que c’était la meilleure des façons de nous mettre en réserve pour servir la Guinée post-pseudo-révolutionnaire...

— Dans "Pourquoi, diable, n’ai-je pas été un griot ?", petit essai édité chez Ganndal à Conakry, on peut lire cet extrait dans l’Avant-propos :

"J’offre le présent « fascicule de mobilisation » autour de quelques sujets, grands et petits, sans autre carcan que celui de l’ordre alphabétique, inspiré que je suis par une des chansons de l’Ensemble ivoiro-guinéo-malien Kotéba [créé et dirigé par Souleymane Koly] intitulée ABCD. Avec l’espoir que, malgré leurs limites, mes indignations solitaires trouveront des places à côté des indignations partagées par le plus grand nombre d’humanistes, griots ou pas !"

— J’ai retrouvé Souleymane Koly la toute dernière fois à l’occasion des 72 heures du livre à Conakry en avril 2013. Nous avons échangé nos cartes de visite et un peu sur les aspects de son travail en tant que conseiller spécial, récemment nommé, du ministre de la Culture et du Patrimoine. Il était heureux, et moi avec lui, qu’après avoir tant donné et reçu en France et en Côte d’Ivoire, il lui ait été donné l’opportunité de mettre ses compétences au service de la Patrie. C’est une catastrophe, donc, qu’elle ait été si brutalement interrompue !

— Enfin, étonnant, non, qu’en ce dimanche 3 août alors que je n’ai pas encore su la triste nouvelle du vendredi, je cherchais dans une enveloppe des coordonnées pour téléphoner, la carte de Souleymane Koly ait été parmi celles qui se sont échappées en premier ?!...

Et maintenant, comment vais-je pouvoir lui dire… ADIEU sinon en citant "ADIEU", un de ses poèmes. N’est-ce pas le grand  privilège de l’écrivain, de l’artiste que celui de pouvoir tout imaginer ?

"Demain

Il ne fera pas encore jour

Quand il faudra que je parte

Ma sœur

Ce soir

Le ciel orageux s’assombrit (…)

Nos deux cœurs hument

L’amer parfum de l’adieu sans retour

Demain

En même temps que la rosée sur l’herbe

Tes larmes perleront sur tes cils clos"

Tiré de Canicule Souleymane Koly, plaquette de poésie éditée par CEDA Abidjan en avril 1988. Il m’a été facile de la retrouver pour la simple raison qu’avec d’autres œuvres d’auteurs de tous pays, elle a trouvé sa place sur ma table de lecture et d’écriture.

 

Cheick Oumar KANTÉ

Tag(s) : #Culture
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