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Le discours du Général Konaté du 6 janvier 2010 et l’accord de Ouagadougou du 15 janvier 2010 ont clairement défini un nouveau chemin pour la transition et, à l’exception de quelques membres du CNDD, l’ensemble des parties impliquées dans le processus semble s’y être résolument engagés. La nomination d’un premier ministre de transition issu du forum des forces vives est, à mon sens, l’étape la plus cruciale après l’accord de Ouagadougou. Il s’agit, en effet, ni plus ni moins de la mise en place de l’autorité responsable de l’organisation des prochaines élections présidentielle et législatives.

Le général Konaté a déjà obtenu plus que ne pouvait espérer le forum des forces vives dans les négociations de Ouagadougou. Nous ignorons comment il a procédé, mais il a obtenu de Dadis Camara et du CNDD l’engagement formel qu’aucun membre du CNDD, du gouvernement actuel et du gouvernement de transition ne pourront faire acte de candidature aux élections présidentielle et législatives prochaines, ce qui correspond précisément, si on ignore l’exigence de dissolution du CNDD, à ce que demandait le forum des forces vives.

Par ailleurs, il a confié au forum des forces vives le  soin de désigner en son sein une personne pour occuper le poste de premier ministre de transition. Suite à la réunion du 17 janvier 2010, les noms de Jean-Marie Doré et Hadja Rabiatou Sera Diallo ont été rendus publics. Alors quel choix pour le Général Konaté ?

En prenant le leadership de la transition dans notre pays, le Général Konaté a montré à la Guinée et à la communauté internationale qu’il était capable d’identifier l’intérêt national, d’agir résolument à sa sauvegarde et, si nécessaire, de trancher fermement.

Aussi je suis confiant dans sa capacité de jugement. Je risquerai néanmoins une idée pour le choix du premier ministre qu’il fera dans les prochains jours.

Pour moi, le choix à faire doit se fonder sur une idée simple : le premier ministre de transition doit être totalement neutre dans l’organisation des élections prochaines. Le premier ministre ne saurait donc être membre d’un parti politique participant à ces élections, qu’il soit lui-même candidat aux élections en question ou pas. Cette neutralité doit être intangible, ce qui signifie que ce n’est pas à elle de s’adapter au candidat, mais l’inverse. Jean-Marie Doré, pas plus que n’importe quel autre membre d’un parti politique, ne devrait donc être nommé à ce poste.

Toute la crise que la Guinée a connu au cours de l’année 2009 tient en cette seule question de la neutralité : les forces vives de Guinée, soutenues par la communauté internationale, ont refusé à Moussa Dadis Camara, les membres du CNDD et du gouvernement d’être juges et parties aux élections devant mettre fin à la transition.

Moussa Dadis Camara et le CNDD s’y sont refusés et il en a découlé un enlisement total avec pour point culminant le massacre d’une centaine de nos compatriotes, le viols de dizaines de femmes et un millier de blessés. A mon avis, le Général Konaté ne devrait pas prendre le risque de faire revivre les mêmes épreuves à la Guinée, ce qui arriverait immanquablement si le premier ministre, organisateur des prochaines élections, devait être lié à un parti politique.

Il ne fait aucun doute que le Général Konaté a pris une dimension qui, si le reste de la transition se passait bien, le mettrait dans la même page de l’histoire africaine qu’Amadou Toumani Touré du Mali. Il doit garder cette dimension pour lui et pour l’avenir de la Guinée. Quelque soit le choix qu’il fera dans les prochains jours, il faudra que dans le reste de la transition nous ne parlions plus que de révision de la constitution, de reformes institutionnelles, de réconciliation nationale et non de la neutralité ou pas du gouvernement de transition. Son choix doit donc se faire à la rigueur de cette seule exigence de neutralité. Aucune autre considération, de quelque nature qu’elle soit, ne devrait entrer en ligne de compte et venir troubler cette prometteuse quiétude qui nous tend les bras.

Alhousseny Diallo, Genève.

Tag(s) : #Libre opinion
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