Guinée, législatives, l’UFDG rafle la mise à l’extérieur: oui, mais…

Le RPG est en perte de vitesse et a sèchement chuté à l'extérieur, malgré le découragement perceptible par la faible participation des rares électeurs "autorisés" à voter par le gouvernement. Car en Guinée, c'est cela et pas l'application des lois et reglements du pays. Il suffit d’agréger les résultats disponibles actuellement :

Sénégal : UFDG 83,02%,   RPG 5,30%

France :  UFDG  46,54%  RPG 28,16%

USA, New York :  73,7%  UFDG contre  17% pour le RPG

Un examen attentif permet de tirer deux enseignements :

A-Le poids réel du RPG  est toujours ce qu’il a été, aux environ de 17%, car la population, à l’intérieur ou à l’extérieur est toujours fondamentalement la même et suit les mêmes grandes tendances .

B-Cette victoire de l’UFDG est l’arbre qui cache la Forêt. Si nous prenons le cas du Sénégal, les guinéens y seraient, selon les  statistiques officielles sénégalaises, le premier groupe d’étrangers dans la capitale du pays, environ 37% (source)

Une seconde étude, datant de 1993 :

« Auteur d’une étude sur les Ouest-africains au Sénégal, Mme Neil Robin leur (guinéens) donne un taux de 37 %, sur une population totale estimée, en 1993, à 123 000 personnes. Sans doute, plus si l’on considère que rien qu’à Dakar ils sont 77 000 Guinéens, selon la même étude. Beaucoup plus selon certains agents de la police des étrangers » (source)

Dakar compterait ainsi environ 100.000 guinéens considérés comme étrangers, rien donc à voir avec les bi-nationaux, très nombreux, non compris dans ces statistiques et citoyens à part entière des deux pays.

Mais même en oubliant par commodité ces derniers, il reste que le ratio entre électeurs potentiels et électeurs réels dans la région dakaroise ou presqu’île du Cap-Vert reste très faible. Examinons ces chiffres :

-7000 cartes effectivement distribuées sur 21 430 inscrits

-100.000 guinéens à Dakar et banlieue

Donc  7000x100/100.000   soit environ  7% de votants réels sur une population potentielle en centaines de milliers. Rappelons que lors des présidentielles passées, Cellou remplissait facilement lors de sa campagne le Stade Iba-mar Diop de 30.000 places, ce que peu de politiciens sénégalais sont capables de faire. Comment peut-on comprendre que tout le sénégal ne puisse compter plus de 7.000 électeurs?

Ces élections peuvent-elles être qualifiées de démocratiques?

La grande force d’Alpha et du RPG, c’est d’avoir fait accepter à l’opposition que les guinéens de l’étranger étaient des citoyens de seconde zone qui n’avaient pas le droit de vote. C'est la stricte réalité que les discours sur le droit, la lutte pour la démocratie et autres balivernes d'Alpha ne peuvent masquer indéfiniment. Nos amis de la Communauté Internationale ne peuvent non plus l'ignorer.

Les leaders de l’opposition ont marché à fond dans la combine, pour soi-disant « faciliter » les votes. La même fumisterie continue depuis les présidentielles. Empêcher coûte que coute les citoyens de l’intérieur de voter par la terreur, l’intimidation et les tours de passe-passe de la CENI, et bloquer ceux de l’extérieur en empêchant l’enrôlement sur les listes électorales. L'opposition réussira t-elle, malgré tous ces biais, à arrêter la machine infernale du RPG?

Apparemment, ça marche selon les premières estimations sorties des urnes, et pas qu’un peu. Pari risqué, mais peut-être réussi. Alpha, devant cette menace, voudrait bien que la victoire préparée du RPG serait proclamée incessamment. M. Edem Kodjo vient de déclarer à Conakry : « « les insuffisances constatées ne sont attribuées à aucun acte délibéré pouvant mettre en cause l’intégrité du processus électoral. Elles sont pour la plupart liées, soit à un manque de maitrise des procédures par les agents électoraux soit à des problèmes d’ordre logistiques. Elles n’ont pas empêché la libre expression par les citoyens de leur droit de vote »

La libre expression citoyenne des Guinéens de l'extérieur avait déjà été bien empêchée, en amont, par la volonté conjuguée du pouvoir et de l’Opposition depuis la veille des élections présidentielles il ya trois ans.

Hold-up sur tapis vert qui n'a jamais plus été remis en question, au grand plaisir de M. Alpha Condé, on le devine et qu'il faudra nécessairement dénoncer et corriger pour de prochaines élections.

Mais cela, il faut le taire pour le moment semble t-il, et ensuite appeler à manifester contre le résultat d’élections que l'opposition  avait bénies des deux mains. Un exercice difficile.

Espérons que par miracle le RPG perde son pari à force d'avoir menti , crée des problèmes et semé la division à travers tout le pays et au delà.

Le RPg ne peut pas réussir en 2013 le même hold-up que le PDg en 1960.

Thierno A DIALLO