L'actualité est décidemment chargée pour la Guinée. Après une tentative dite "d'assassinat" par des militaires brouillons mais brillants par leur amateurisme, alpha Condé est en plein travail pour éliminer physiquement ses plus dangereux adversaires pour les législatives. Le dernier obstacle devant sa mainmise un pouvoir qu'il voudrait absolu.
C'était prévisible, la "dictature fine du professeur" est bien en marche et prend de la vitesse, rien ne semblant pouvoir l'arrêter. Elle grimpe allègrement par-dessus tous les murs et obstacles normaux de la morale, du respect de la constitution et du Droit. C'était exactement la méthode gagnante utilisée contre les peulhs entre les deux tours de la présidentielle. Alpha a beau jeu de se poser en victime d'anti-démocrates qui joueraient de la "victimisation" contre lui, le "premier président démocratiquement élu", etc. . Vous connaissez la ritournelle.
Le terme est récurrent: chaque fois que les peulhs sont ciblés et qu'ils s'en plaignent (voudrait-on qu'ils applaudissent leurs bourreaux?) ils sont accusés de jouer aux victimes. Les "victimes imaginaires" sont devenues l'explication officielle du gouvernement Condé. Ce serait un peu à l'image du Malade imaginaire de Molière. Nous nous trouvons bien devant un héritage revendiqué du PDG de Sékou Touré.
Car, vrai ou faux, ce putsch folklorique dans tous les cas, brillamment transformé par Condé en "tentative d'assassinat" est -il une raison pour envoyer encore des militaires inhumains piller des habitations, ligoter et emporter brutalement, sans mandat de justice des opposants au Professeur, par cargaison entières?
Les nouvelles de la situation de l'intérieur du pays sont alarmantes, comme les guinéens la vivent depuis Sékou Touré. Où est le changement promis par le nouveau régime lorsque des citoyens sont obligés, comme les leaders politiques de l'opposition, de se réfugier chez l'un d'eux pour déjouer la politique des escadrons de la mort dans lesquels beaucoup voient les mains d'Alpha Condé et de ses partisans?
Les disparitions ciblées se multiplient, depuis celle de Bah Oury, mais les "hommes de loi" semblent plus préoccupés de trouver les auteurs du pauvre scénario de Kipé que les nombreux assassins qui continuent leurs basses besognes.
En clair, le général Aboubacar Sidiki "Idi Amin" règle ses comptes avec ses anciens compagnons du CNDD, probable problèmes de gros sous traités énergiquement, sous la bienveillance du "président" qui l'a nommé chef d'état-major des armées, moyennant un "coup de main" de ce militaire au Professeur, pour balayer physiquement son opposition. Ce que "Idi Amin" sait très bien faire. Bon retour d'ascenseur...
Tout le monde est content, sauf évidemment, les victimes.
Alpha Condé va réussir le double pari de gagner ses "législatives" et de se faire adouber par la France officielle et les USA. Pas mal pour quelqu'un qui ne respecte aucune loi ou droit, et qui massacre tranquillement son opposition en jouant au grand magnanime.
Alpha sait se dissimuler et user de la langue de bois. Quand tout le monde le comprendra, d'autres guinéens seront morts depuis longtemps, en silence sur le long chemin de la liberté.
La France risque gros dans cette affaire, peut-être pas tout de suite, mais dans un futur prévisible. Celui de voir rejouer une tragédie à la rwandaise entre ceux qui, à tort se sont toujours crus compris par l'ancienne puissance coloniale et les partisans d'une dictature ethnique malinké. Comme les Tutsi au Rwanda, les peulhs seront obligés de se défendre, et s'ils s'en sortent, c'est la France qui perdra encore un autre pan du groupe francophone patiemment construit par les républiques précédentes.
Dommage pour tous. Le bon sens étant la chose du monde la mieux partagée, la bêtise aussi.
Ce qui compte, actuellement, c'est le fameux business à tous les étages, en y mettant une légère couche de démocratie, celle qui est visible de loin mais reste en surface. En dessous, ce qui se passe n'intéresse pas grand monde. Pays de démocratie ou puissances communistes comme la Chine, ils sont tous pareils devant la promesse du festin sur le dos des pays maintenus dans la pauvreté par des dictatures qui se veulent héréditaires. La démocratie de la forme prime ainsi sur celle du fond, et cela arrange bien la plupart de nos "amis" de tous horizons, cette politique du comprimé de quinine enrobé d'une pellicule de sucre…
Car ils savent tous ce qui se passe, ils ne peuvent pas ne pas savoir.
Triste réalité. Ils oublient un peu vite qu'il ya parfois loin de la coupe aux lèvres.
C'est le drame des guinéens et de ce qui entretiennent t encore l'illusion d'un Etat normal avec Alpha Condé. Entendez-vous ce silence de cathédrale de la communauté internationale depuis la "disparition" de Bah Oury?
La démocratie n'est pas tombée seulement sur la tête, mais sur nos têtes.
Thierno A DIALLO